Louis-Marie de Belleyme (1787–1862), Président du Tribunal Civil de la Seine

1re image: Soirée; 2e: par Jalabert 1857); 3e: par Gavarnie (1853); 4e: inconnu c.1810). (Alternatif: Giraud).

Bien que Louis-Marie de Belleyme présente une forte ressemblance avec cette personne du tableau Une Soirée au Louvre, son nom ne figure pas dans les comptes rendus de presse relatifs à cette vendredi-soirée, et il n’a pas été caricaturé par Eugène Giraud.
Néanmoins, ses fonctions judiciaires le mirent en relation avec des figures culturelles majeures telles que Balzac, Hugo et Dumas, ce dernier le mentionnant dans Les Mohicans de Paris. Deux décisions marquantes concernent la tragédienne Rachel Félix81, que de Belleyme libéra des amendes pour absences à des représentations au Théâtre Français d’Amsterdam (1847) et à la Comédie-Française de Paris (1849). En 1849, au début d'une représentation au théâtre de l'Odéon á la bénefice de Sarah Felix, la sœur cadette de Rachel, il intervint lorsqu'un huissier saisit les recettes pour couvrir ses dettes. Il rendit un arrête qui ordonne que l'argent soit immédiatement restitué à l'actrice, et il va se rasseoir dans sa stalle.

L’importance de Belleyme dans le Paris du XIXe siècle est illustrée par la statue en marbre réalisée par Pradier03 en 1848.

de Belleyme, par Pradier (1848)

De Belleyme assista à d’autres événements mondains, notamment une réception à l’Élysée en janvier 1851. Le 21 décembre 1851, il fut convié à un dîner chez la princesse Mathilde, aux côtés du magistrat Chaix d’Est-Ange06, comme le rapporte Viel-Castel43. Fin décembre 1852, il assiste à une grande soirée organisée par son successeur, le préfet de police de la Seine Pietri (oncle de Tito Franceschini-Pietri04b), en compagnie du comte de Nieuwerkerke16.

Il fut également mécène du théâtre des Bouffes-Parisiens, fondé par Offenbach en 1855, aux côtés d’Auber56, Baroche61, Ingres39, de Morny48, de Rothschild et Vernet31.
Ce théâtre proposait des opéras-bouffes, des pantomimes et des spectacles mettant en scène de jeunes femmes aux « jambes charmantes ». Il peut être considéré comme un précurseur des Folies Bergère.
Le caricaturiste et photographe Nadar décrivit de Belleyme comme « long comme une tringle à rideau. »

Issu de la noblesse ancienne du Périgord, la famille Belleyme est attestée dans des documents médiévaux.
Son père, Pierre de Belleyme, fut ingénieur et cartographe, auteur en 1791 de la première carte de France divisée en 88 départements pour Louis XVI.

Louis, juriste vif et intelligent, devint avocat en 1807. Remarqué par Charles X, il fut nommé procureur du roi à Corbeil en 1814. Il occupa ensuite plusieurs fonctions : conseiller à la Cour royale de Paris, juge d’instruction, procureur du roi au tribunal de la Seine, et député de la Dordogne à la Chambre.
En 1828, il fut nommé préfet de police de la Seine, un poste qu'il reste pendant vingt mois. Il y introduisit des réformes durables : autorisation des omnibus, éclairage au gaz, et création des ‘sergents de ville’ en uniforme, modèle repris par la police britannique pour leurs « bobbies ».

En août 1829, de Belleyme fut nommé président du tribunal civil de la Seine, poste qu’il conserva jusqu’à sa retraite en 1857. En tant que président, Belleyme rendit plusieurs jugements notables. Il confirma la compétence du tribunal dans l’affaire de la confiscation des biens de la famille d’Orléans, décision ensuite validée. Lors du retour du testament de Napoléon Ier par l’Angleterre en 1853, de Belleyme en parapha chaque page. En mars 1854, il acquitta de Morny48 dans une affaire intentée par l’éditeur Véron.

Dans Une Soirée, il est notamment assis à côté du dramaturge Ponsard70a, qui semble lui tourner le dos. C'était peut-être une coïncidence, mais au début de 1855, de Belleyme rendit un jugement défavorable à Ponsard dans une affaire de prêt consenti à un acteur lié à Rachel Félix, tragédienne et ancienne amante de Ponsard.

Bien qu’en pleine possession de ses facultés physiques et intellectuelles, de Belleyme dut se retirer à l’âge légal de soixante-dix ans. Il consacra les cinq dernières années de sa vie à la fonction de conseiller à la Cour de cassation. Peu avant sa mort, il exprima le souhait que ses funérailles soient modestes :
« Je veux que mon convoi soit décent mais simple. Je tiens à sortir modestement de ce monde comme j'y suis entré. Point de députations des corps auxquels j'aurais encore ou j'aurais eu l'honneur d'appartenir. Point de militaires ou de tambours pour ma croix de commandeur. Point de discours. Je sais que mes enfants n'oublieront pas les pauvres, ce qui vaut mieux « 
Louis et son épouse eurent trois enfants. Ses deux fils furent députés de la Dordogne. Le plus jeune, Adolphe, présente une ressemblance frappante avec le personnage assis légèrement à gauche de de Belleyme dans le tableau Une Soirée.