Jean Auguste Dominique Ingres (1780–1867), peintre
1re image: Soirée; 2e: autoportrait (1857); 3e: photo par Disderi (1860); 4e: autoportrait "a ses élèves" (1836).
Le peintre le plus éminent de France, Jean Auguste Dominique Ingres (il signait ses lettres avec "Jean Jngres"), occupe la place la plus prestigieuse dans Une Soirée au Louvre. Universellement admiré —avec Delacroix10 comme possible exception— l’influence d’Ingres s’étendit sur un demi-siècle, inspirant des artistes comme Renoir, qui qualifia ses propres œuvres des années 1880 de période ingresque.
Ingres était un peintre néo-classique, fortement influencé par Raphaël et les grands maîtres italiens. En plus de ses nombreuses œuvres religieuses, il devint célèbre pour ses portraits et ses nus exotiques. L’une de ses pièces les plus renommées est Le Bain Turc (1862). À l’Exposition de 1855, pas moins de soixante-huit de ses œuvres furent exposées (Video).
En 1835, il devint Directeur de l’Académie Française à Rome, poste qu’il occupa jusqu’en 1841. Il y guida de nombreux lauréats du Prix de Rome, notamment l’architecte Duban60, le peintre Flandrin79, et le compositeur Gounod70b : futur conférenciers et invités des vendredi-soirées.

Pantheon Charivarique (1842)
Avec son élève clé, Amaury Duval44a, Ingres transforma la jeune actrice Rachel Félix81 en muse tragique et symbole classique de la France. Selon des rapports de presse, Biard avait inclus la tragédienne dans la première version de Une Soirée au Louvre—ce qui justifie la place d’honneur qu’Ingres occupe dans la version finale.
Au-delà de la peinture, Ingres était un passionné de musique, préférant le violon à tout autre divertissement. Le compositeur Gounod écrivit :
« Ingres est fou de musique ».
Son amour pour l’instrument perdure à travers l’expression française « mon violon d’Ingres » (figurativement pour désigner une passion secondaire).
Lors de son séjour à Rome en 1839, il se lia d’amitié avec Franz Liszt50b et la comtesse Marie d’Agoult, dont il réalisa les portraits. Il jouait souvent des quatuors de Beethoven à la Villa Médicis avec Liszt, qui qualifia aimablement son jeu de « charmant ».
Deux éléments autour d’Ingres dans Une Soirée au Louvre intriguent particulièrement :

Le document roulé dans son chapeau haut-de-forme :
Serait-ce la caricature de Eugène Giraud11 qu’Ingres aurait conservée plutôt que de la laisser à de Nieuwerkerke16 ?
Il est étonnant qu’en dépit de ses fréquentes présences aux vendredi-soirées, la collection de caricatures de de Nieuwerkerke ne comporte pas d’Ingres.
Peut-être Ingres n'est-il jamais resté tard le soir pour les après-soirées à l'atelier de Viel-Castel43 où Giraud réalisait ses caricatures ?
Ou bien le haut-de-forme avec le dessin est-il entièrement une idée de Biard ?

Le violon(s) posé sur la chaise à sa gauche:
Un violon est visible, mais deux archets sont posés dessus.
Cela indique-t-il la présence d'un autre violon ?
Narcisse Girard23 a-t-il laissé son archet sur la chaise, mais conservé son violon ?
S'agirait-il du violon pour dames d'Ingres, format 7/8 (étant donné sa taille de seulement 1,53 m) ?
Ou bien de l'inestimable Del Gesù Guarneri de Belphin Alard, ou des deux ?
These enigmatic details add another layer to Ingres’ portrayal in Une Soirée au Louvre.