Jean Jacques (James) Pradier (1790-1852), sculpteur

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1st image: Soirée; 2nd: par Guignet (1840s); 3rd: par Massan (1840s); 4th: par Gigoux (1850s).

Le sculpteur suisse James Pradier était célèbre pour ses sculptures monumentales en marbre et en bronze, grandeur nature, admirées pour leur réalisme et leur présence imposante. Le comte de Nieuwerkerke16, l’un de ses élèves, facilita probablement l’invitation de Pradier à une ou plusieurs vendredi-soirées. Bon-vivant et bohème, Pradier était un invité prisé des cercles mondains parisiens.

Trois Grâces
Pradier's Trois Grâces, Louvre

Inspiré par le directeur du Louvre, Vivant Denon, Pradier se rendit à Paris en 1807 pour étudier à l’École des Beaux-Arts, notamment sous la tutelle d’Ingres39.

En 1813, Pradier remporte le prestigieux Prix de Rome, ce qui lui permet de passer les quatre années suivantes à Rome. Il devint l’un des sculpteurs les plus en vue du Second Empire.

Ses statues mythologiques —telles que Sapho, Phryné,et Les Trois Grâces— exercent une séduction irrésistible, incitant les spectateurs à tendre la main pour effleurer le marbre poli sans défaut.

Ses œuvres ornent des sites prestigieux, notamment l’Arc de Triomphe, le Dôme des Invalides, ainsi que le Louvre, le musée d’Orsay et diverses collections à Lyon, Lille et Quimper.

Satyre et Bacchante
(1834) pied grec

L’atelier de Pradier, qu’il partageait avec sa maîtresse Juliette Drouet, devint un centre incontournable de la scène artistique parisienne.
Son atelier était fréquenté par de nombreuses figures représentées dans Soirée au Louvre, telles que Delacroix10, de Mercey22, Scheffer41, and de Musset73, ainsi que par les écrivains Flaubert et Gautier.

Il est à noter que les nus féminins de Pradier partagent souvent un deuxième orteil plus long (« pied grec », une variation observée seulement chez 10 à 20 % de la population), qui correspond probablement aux pieds de Juliette.

Le 2 janvier 1833, Juliette rencontre Victor Hugo, ami de Pradier, dont elle devient la maîtresse et l'amie de toute une vie, dont le roman Les Misérables s’inspira en partie de son passé poignante. Juliette et Hugo ont couché ensemble pour la première fois cette année-là, le 16 février, le jour du Mardi Gras. C'est également à cette date que les personnages de Marius et Cosette dans Les Misérables se sont mariés.

C'est dans l'atelier de Pradier, au début des années 1840, que Léonie Biard, la jeune épouse du futur peintre de Soirée au Louvre, rencontra Victor Hugo et s’éprit de lui. Lorsque Biard découvrit leur liaison et surprit Léonie au lit avec Hugo, leur relation prit fin. La jeunesse de Léonie Biard fut également immortalisée dans Les Misérables de Hugo, probablement dans le personnage de Cosette.

La seconde maîtresse de Pradier, Louise Darcet, fut également au cœur de plusieurs scandales dans la haute société parisienne. Elle entretint des liaisons avec de nombreuses figures illustres, dont Dumas et Flaubert. Ce dernier puisa dans ses récits personnels pour son roman Madame Bovary.

Pradier a également créé des sculptures et des bustes de personnages représentés dans Une Soirée, comme celui du compositeur Auber56 (1847) et du président du tribunal civil de Belleyme66a (1848).

James Pradier s’éteignit d’une attaque cérébrale en juin 1852. Il est l’un des trois personnages inclus à titre posthume dans le tableau. Étant donné sa mort prématurée, et le fait que Biard ait probablement reproché à ce bohème d'avoir présenté Léonie à Hugo, il est peu probable que Biard ait fait poser Pradier en personne. Il s’inspira probablement du dessin de Massan datant des années 1840 pour le représenter.

Pour en savoir plus, consultez le site web de Douglas Siler consacré à James Pradier ainsi que cette vidéo YouTube.