Jean Baptiste (Tito) Franceschini-Pietri (1834-1915), secrétaire personnel de Napoleon III

Retour à la Soirée au Louvre photo c.1855 photo c.1860 caricature Giraud

1re image: Soirée, 2e & 3e: photos du milieu des années 1850 et 1860; 4e: caricature d'Eugène Giraud lors de la soirée de Nieuwerkerke, réalisée le 7 avril 1865. Alternatif: Roger)

Compte tenu de l’intérêt de Jean-Baptiste Franceschini-Pietri pour l’art et de ses liens étroits avec l’empereur Napoléon III, il est fort probable que de Nieuwerkerke ait choisi de l’inclure à l’arrière-plan du tableau de Biard, en 1854, derrière James Pradier.
Franceschini-Pietri était issu d’une illustre lignée bonapartiste corse. Son grand-oncle était le célèbre patriote Pascal Paoli (1725–1807), fondateur de l’Île-Rousse en 1769. Tragiquement, il devint orphelin à l’âge de seulement deux mois, à la suite du décès de sa mère.

Bichon, le chien de l'empereur
Bichon, le chien de l'empereur

Soutenu par son oncle Pierre-Marie Pietri, préfet de la police parisienne, il s’installa à Paris en 1852. Grâce à l’aide de son oncle et d’autres Corses influents, il obtint un poste de copiste auprès de M. Mocquard, chef du cabinet de l’empereur. Cette fonction impliquait de fréquents échanges avec Napoléon III, qui s’attacha rapidement à ce jeune homme brillant et discret.
Napoléon, connu pour son amour des chiens, développa une affection particulière pour le petit chien de Franceschini-Pietri, Tita. Avec le temps, il surnomma affectueusement son secrétaire Tito.

En 1855, Tito rejoignit officiellement l’équipe des secrétaires personnels de l’empereur et fut promu secrétaire privé en 1864. Son dévouement devint légendaire, et son influence considérable.

Au-delà de ses relations avec le secrétaire du congrès, le comte Vincent Benedetti38b, et Eugène Rouher, Franceschini-Pietri entretenait des contacts réguliers avec le comte de Nieuwerkerke, plaidant auprès de l’empereur en faveur de commandes artistiques.

En 1869, l’homme d’État Émile Ollivier—veuf de Blandine Liszt50b —proposa à l’empereur : « [Franceschini-] Pietri ne serait-il pas idéal pour le poste de ministre de l’Intérieur ? Je le soutiendrais fortement. »
Toutefois, avec la chute du Second Empire en 1870, cette nomination ne put avoir lieu.
Restant fidèle à l’empereur et à l’impératrice, Franceschini-Pietri les accompagna en exil en Angleterre, où il demeura jusqu’à son décès le 10 décembre 1915, dans les bras de l’impératrice.

Je ne peux pas terminer ce profil sans raconter une courte histoire de la famille Franceschini:

Jacques et Silvia Franceschini, un jeune couple originaire de Corse, changèrent le cours de l’histoire lorsque des pirates tunisiens (Barbareschi) les enlevèrent en 1754 et les vendirent sur le marché aux esclaves de Tunis au Bey. Durant leur captivité, ils eurent une fille et un fils, et Jacques parvint progressivement à obtenir un poste dans l’administration du Bey.
En découvrant un complot visant à assassiner son maître, Jacques l’informa sans tarder. En reconnaissance, la famille fut libérée et embarqua sur un navire de commerce toscane à destination de la Corse en 1763.
Cependant, en mer, des pirates marocains interceptèrent le bateau, et la famille Franceschini fut vendue pour travailler sous les ordres d’un maître cruel dans les jardins impériaux de Marrakech.
Maîtrisant la langue locale, Jacques réussit à faire parvenir un message au sultan du Maroc, expliquant que sa famille appartenait au Bey de Tunis et ne pouvait donc être réduite en esclavage sur le sol marocain.
En 1767, le sultan Sidi Mohamed Abdallah (Mohamed III) lui accorda une audience pour plaider sa cause. Bien qu’il accepte la requête de Jacques, le sultan est frappé par la beauté et l’intelligence de Martha, la fille de Jacques âgée de douze ans. Il consent à libérer la famille, mais à la seule condition que Martha demeure dans son harem.
Les tentatives de Jacques pour obtenir la libération de sa fille échouèrent, et il succomba à la peste en juin 1770.
Au sein du harem du sultan, Martha reçut le nom de Dawiya, signifiant « la lumineuse », et devint rapidement sa concubine favorite. En 1786, elle fut officiellement reconnue comme l’épouse légitime du sultan et devint impératrice. Sous le règne de Napoléon Ier, lui aussi d’origine corse, elle joua un rôle clé dans l’établissement et le maintien des relations diplomatiques entre le sultan du Maroc et la France, prouvant que la diplomatie était bien inscrite dans les traditions de la famille Franceschini.