Comte Auguste de Morny (1811 – 1865), politicien, financier
1re image: Biard; 2e: caricature par Eugène Giraud dessiné 1851/1852 à la soirée de de Nieuwerkerke; 3e: Photo atelier Nadar (fin 1850s); 4e: Photo atelier Nadar (1860s). (Extrait du film ' Henri Dunant' (2006)
Auguste de Morny occupe une position centrale dans ce tableau, témoignant de son immense influence. Inscrit à sa naissance sous le nom de « Demorny », il était le fils illégitime d’Hortense de Beauharnais, reine de Hollande, et du comte de Flahaut, lui-même fils illégitime du prince Talleyrand. Il résuma sa lignée par une phrase restée célèbre :
« Dans ma famille, nous sommes bâtards de mère en fils depuis trois générations. Je suis l’arrière-petit-fils d’un roi, le petit-fils d’un évêque, le fils d’une reine et le frère d’un empereur. »
Tout au long de sa vie, il chercha à faire reconnaître son ascendance et transforma son nom en comte de Morny. Soutenu par sa maîtresse Fanny Le Hon-Mosselman, fille d’un riche banquier belge, il devint un homme d’affaires prospère. Il géra les mines de zinc de son père, une sucrerie de betteraves, et investit dans les chemins de fer, les lignes télégraphiques et la Bourse.
De Morny ne s’engagea en politique que pour servir ses intérêts commerciaux, notamment en recourant à des opérations de spéculation. La Révolution de 1848 le ruina, mais il se releva grâce à l’argent de Le Hon. En décembre 1851, il joua un rôle clé, aux côtés de Fould17 et Baroche61, pour faire de son demi-frère Louis-Napoléon l’empereur des Français.
L’historien Claude Dufresne le surnomma « Roi du Second Empire ».
Son influence était omniprésente à Paris : ses gestes et son langage étaient imités, et lorsqu’on disait « De Morny est dedans », les investisseurs anticipaient des bénéfices.

De Morny poursuivit sa lucrative alliance entre affaires et politique, présidant le Corps législatif dès 1854, fréquentant l’Opéra et entretenant des relations intimes avec les actrices Rachel Félix81 et Alice Ozy, également favorites de l’empereur, ce qui provoqua des tensions. Il était le mécène de Sarah, la jeune fille de son amie courtisane juive hollandaise Judith Bernard et payait son pensionnat.
Multipliant les maîtresses, il épousa Sophie Troubetskoy en 1857, lors de son mandat d’ambassadeur à Saint-Pétersbourg. Ce mariage marqua une rupture définitive avec Le Hon, qui exigea le remboursement de ses prêts. Depuis la Russie, de Morny rejeta ses revendications, mais l’empereur, soucieux d’éviter un scandale, régla l’affaire en sa faveur avec une somme considérable.
Malgré des tensions personnelles, l’empereur lui accorda en 1862 le titre de duc.
Il fit construire un hippodrome à Deauville (voir Video Visites privées), collectionna des tableaux et composa musiques et chansons pour des pièces de vaudeville sous le pseudonyme M. de St. Remy, collaborant avec Offenbach et Halévy19.
Pour concilier toutes ses activités, il se soigna avec les médicaments prescrits par son médecin Oliffe, qui contenaient vraisemblablement du mercure, de l’antimoine et/ou de l’arsenic, ce qui provoqua sa mort prématurée le 10 mars 1865.
Dans ses dernières années, il prépara l’empereur à une transition vers un régime démocratique.
Après la disparition prématurée de de Morny, l’empereur mena sa politique étrangère d’incertitude en incertitude, jusqu’à la guerre de 1870 contre la Prusse, qui entraîna la chute du Second Empire.