Charles Francois Gounod (1818 - 1893), compositeur

1st image: Biard; 2e: par Pauline Viardot (c.1850); 3e: par Huebner (avant la Légion d'honneur, c.1855); 4e: gravure de Petit (1857); 5e: gravure par Jeneki (1859). (Alternatif: Ponsard)

Charles Gounod acquit une renommée mondiale en 1853 avec sa Méditation sur le premier prélude de Bach, basée sur le prélude en do majeur no 1 deJohann Sebastian Bach. À cette époque, Bach était un compositeur délaissé, mais l’adaptation de Gounod rehaussa son œuvre en mêlant musique instrumentale et texte de l’Ave Maria, une prière latine du XIe siècle. La pièce devint incontournable lors des événements musicaux, qualifiée par la presse de « pièce inévitable » au « succès habituel ».

Issue d’une improvisation chez Anna Zimmerman, future épouse de Gounod (il a dédié l'œuvre à son père), son interprétation lors de la vendredi-soirée de de Nieuwerkerke16 le 27 janvier 1854 remporta un tel succès que Gounod fut invité la semaine suivante à introduire la musique de Bach.

Pauline Viardot, par von Neff (1842)

Lauréat du Prix de Rome en 1840, Gounod fut soutenu par le peintre mélomane Ingres39, directeur de la Villa Médicis, ainsi que par son professeur Halévy19. Durant son séjour à Rome, Gounod noua une solide amitié avec la soprano Pauline Viardot, élève de Liszt50b. Viardot (Gounod serait, selon certaines rumeurs, le père de sa deuxième fille Claudie, née en 1852) l’inspira et l’aida, conduisant à sa collaboration avec Augier53 pour son premier opéra, Sapho (1851).
Malgré le rôle principal tenu par Viardot, les critiques favorables de Berlioz et une dédicace à la princesse Mathilde, l’opéra ne généra pas les revenus espérés.
De même, son orchestration pour la pièce Ulysse (1852) de Ponsard70a et son opéra La Nonne Sanglante, créé avec le librettiste Scribe74 à qui il s’adresse dans le tableau, échouèrent financièrement.

Le manque de revenus, ainsi que le succès majeur de la Méditation de Bach, poussèrent l’introverti Gounod à créer de nombreuses adaptations pour violon, violoncelle, piano, orgue et chœur. Au vendredi-soirée (imaginaire) représenté ici, les interprétations pouvaient réunir Lefebure-Wély29 à l’orgue, Pasdeloup12 au piano, et des cordes jouées par Alard15, Girard23, Seligmann41b ou même Ingres.
Gounod orchestra la Méditation en 1855, sa première étant dirigée par Pasdeloup, suivie d’une grande version pour deux orchestres et chœur imposant lors des festivités d’anniversaire impériales en 1856.
Le titre Ave Maria devint populaire après que l’éditeur musical Heugel68 l’ajouta à la partition imprimée quelques années plus tard.

Gounod devint un invité apprécié des vendredi-soirées. Lorsque de Nieuwerkerke ne put assister à une soirée musicale avec Gounod, il lui envoya une note d’excuse :
« Vous me connaissez assez amateur de bonne musique, pour croire à tous mes regrets. Je ne vous en suis pas moins très obligé d’avoir pensé à moi et j’espère que cette fâcheuse circonstance ne vous découragera  pas pour une  autre fois. » 

En 1852, Gounod commença à travailler sur son chef-d’œuvre, l’opéra Faust (1859).
Inspiré du mythe de Goethe, Faust fut créé le 19 mars 1859 et connut un immense succès, devenant un incontournable des scènes lyriques mondiales. À la fin du XIXe siècle, avec l’ajout de sections de ballet, il fut joué plus de mille fois et demeure un classique, toujours interprété dans des dizaines de lieux dans le monde entier.

Compositeur Claude Debussy salua Gounod pour avoir capté l’essence de la sensibilité française. Outre Faust, ses œuvres incluent plus de 200 mélodies (dont des poèmes de Musset73), de la musique chorale, des compositions orchestrales et des opéras comme Roméo et Juliette (1867).
Si ces œuvres restent populaires, le succès de l’Ave Maria les dépasse largement. Repris à travers divers genres et formats, interprété par des artistes comme Yo-Yo Ma, Luciano Pavarotti, Maria Callas, André Rieu, Hauser, et Céline Dion, il est estimé atteindre plus de 200 millions de streams annuels.