Jacques-Léopold Heugel (1815–1883), journaliste, éditeur

1re image: Soirée; 2e: par Thadée (c.1855); 3e: superposition 1 & 2; 4e: par Desderi (c.1850).

Ce personnage représente le deuxième visage partiellement visible du tableau. Compte tenu de la composition dense, il n'était pas nécessaire de combler l'espace vide. Instruit par de Nieuwerkerke16 quant aux personnes à inclure, je suppose que Biard36 ne l'a pas ajouté sans autorisation. Il ne peut s'agir d'un invité d'honneur : cela aurait été hautement inapproprié. Cet individu a peut-être assisté aux soirées, non pas en tant qu'invité ou musicien, mais plutôt à un titre de soutien. Un domestique, parmi tant d'autres, serait illogique. Mon enquête, fin 2015, m'a conduit à une possible correspondance faciale et logique avec Léopold Heugel, journaliste et directeur du journal musical hebdomadaire Le Ménestrel.

Heugel écrivit plus de cinquante critiques des vendredi-soirées du Louvre, offrant des observations détaillées qu’un témoin direct pouvait seul fournir. Tant de Nieuwerkerke, qui l’aurait probablement sollicité, que les artistes, les invités et le Louvre bénéficièrent de la publicité apportée par ses articles. Les deux images (gravure et photographie) de Heugel présentent une bonne ressemblance avec le tableau, comme le montre la troisième image où j’ai fusionné la gravure avec le tableau.

Annonce Une Soirée au Ménestrel 14 mai 1854

Les contributions de Heugel dépassèrent le cadre du Louvre et de Nieuwerkerke. Les nouvelles et critiques publiées dans Le Ménestrel non seulement soutinrent les événements qu’il couvrait, mais contribuèrent également au succès de sa maison d’édition, Éditions Heugel —fondée en 1839 avec le guitariste et compositeur Meissonnier— qui devint l’un des principaux éditeurs de musique en Europe. En 1980, elle fut intégrée au Wise Music Group.

Heugel était estimé pour son caractère affable, son sourire amical toujours présent et son talent exceptionnel, qui firent de lui une figure appréciée de l’aristocratie et donc lors des vendredi-soirées. Connus pour sa discrétion et son aisance, il était accueilli dans tous les cercles, des banquiers Rothschild aux artistes qu’il interviewait dans leurs loges.

Son rôle d’intermédiaire entre écrivains, compositeurs et musiciens se reflète dans les lettres de reconnaissance qu’il reçut de personnalités telles que Duprez21a, Halévy19, Lefebure-Wély29, Meyerbeer76, de Musset73, Nadaud14, et Roger04a —tous figurant dans ce tableau.

Travailleur infatigable, Heugel débutait ses journées à 6 heures du matin dans son bureau d’édition et assistait à plusieurs spectacles musicaux chaque soir. Ce rythme exigeant eut finalement raison de sa santé, et il succomba à des complications liées à un ulcère à l’âge de soixante-huit ans. Son héritage perdura grâce à son fils, qui poursuivit l’activité de la maison d’édition.