Guillaume Victor Émile Augier (1820-1889), poète, dramatiste

1re image: Soirée; 2e: par Heim (1853); 3e: par Levitsky (c.1860); 4e: par Petit (c.1865); 5e: caricature par Giraud (c.1860).

Émile Augier est considéré comme l’un des meilleurs dramaturges comiques du Second Empire, aux côtés de Scribe74 et de son ami Ponsard70a. Son style enjoué, rappelant Molière, tournait en dérision les comportements et préjugés de la bourgeoisie.
Augier faisait partie d’un cercle d’élite composé de Mérimée54, Viollet-le-Duc40a, Viel-Castel43, Delacroix10, de Musset73, et de Nieuwerkerke16, ce qui explique sa présence parmi eux lors les vendredi-soirées
(probablement suite au succès de ses comédies en 1852 et 1853), et donc dans le tableau.
La représentation frontale évite de dévoiler son nez massif, souvent exagéré dans les caricatures. Comme toujours, Giraud11 caricature avec respect.

Issu d’une famille bourgeoise de Valence, Augier entreprit des études de droit, suivant les traces de son père. Après trois ans, il préféra se tourner vers la vocation de son grand-père, Guillaume Pigault, auteur de plus de vingt comédies et romans.

À vingt-quatre ans, son drame romantique La Ciguë (1844), inspiré des tragédies grecques où le héros —comme Socrate— doit boire la ciguë pour se suicider, connut un grand succès. La pièce était une réflexion sur l’usage contemporain de l’alcool, de l’absinthe et de la morphine à des fins de plaisir.
En 1849, il écrivit L’Habit Vert avec de Musset, ainsi que la comédie Gabrielle, où Regnier77 tenait le premier rôle. En 1851, il rédigea les livrets de l’opéra Sapho de Gounod70b, avec Pauline Viardot (l'ancien amante de Musset et l'amante impossible de Scheffer41a) dans le rôle principal. Des extraits furent plus tard interprétés par Viardot et Roger04a lors de plusieurs soirées.

Caricature dans Le Bouffon, par Beyle (1867)

L’actrice Rachel Félix81, habituellement tragédienne, abandonna ce registre pour jouer le premier rôle dans Diane (1852), une comédie d’Augier, qui rencontra un immense succès. Elle enchaîna ensuite avec L’Aventurière, mettant en scène Samson80.

Sa comédie Le Fils de Giboye (1862, initialement intitulée Les Hypocrites), qui raillait l’église et son influence politique, provoqua une controverse nationale. Les censeurs exigèrent quatre-vingts modifications. Finalement, l’empereur intervint, autorisant indirectement la pièce, et la princesse Mathilde assista à la première.
Plus tard cette année-là, l'empereur demanda sa représentation dans son palais de Compiègne. En tournée (notamment à Toulouse), des disputes éclataient dans le public, amplifiant la publicité et la renommée d’Augier.

Lorsqu’un journaliste lui demanda un jour de raconter sa vie, Augier répondit :
"Je suis né en 1820, Monsieur, depuis, il ne m’est rien arrivé."

Il fut élu membre de l’Académie Française le 31 mars 1857 et reçut le titre de Grand Officier de la Legion d'Honneur en 1882. Sa prochaine comédie, Le Fourchambault (1879), eut tant de succès qu’il décida de prendre sa retraite.
Atteint de diabète, son état se détériora. Il ouvrit une bouteille de Château-Lafitte, retrouvant brièvement le moral, mais non la santé. Il s’éteignit paisiblement à soixante-neuf ans.

Note : D'après un article de presse récemment paru, le peintre Biard se serait placé dans un coin, ce qui pourrait être cette position. Je rejette cette information, car elle viole les règles (non écrites) des commandes de tableaux. Plus de détails sur ma page Biard36. En l'absence de preuve convaincante, je privilégie l'écrivain Augier, dont le visage correspond bien au dessin de Heim, et dont la renommée et les nombreux contacts méritent une place dans ce groupe illustre. De plus, la caricature de Giraud prouve sa présence.