Jean-Delphin Alard (1815-1888), Violoniste, compositeur, professeur

1re image: Soirée; 2e:gravure par Marchant (1842); 3e: par Nadar (1860); 4e: photo par Moulin (1860s).

Le violoniste éminent Jean-Delphin Alard se produisit lors de plusieurs vendredi-soirées au Louvre —notamment le 19 décembre 1852, lorsqu’il soutint ses élèves dans leur prestation aux côtés de Pasdeloup12 et interpréta sa propre composition pour deux violons.
Bien qu’aucune source de presse contemporaine ne confirme sa présence, la ressemblance frappante entre cette figure et Alard justifie son inclusion dans cette présentation. La présence de deux violons dans l’œuvre—l’un tenu par le chef d’orchestre Girard23, l’autre posé sur une chaise près de Halévy19 —appuie également cette hypothèse. Son boutonnière de la Légion d’Honneur constitue un autre élément concordant.

Musicien précoce, Alard rejoignit l’orchestre de sa ville natale, Bayonne, à l’âge de huit ans. Dès douze ans, il étudia sous la direction de Habeneck au Conservatoire de Paris. Lorsqu’il entendit Alard jouer en 1831, Paganini aurait déclaré : « Si tous les élèves jouent comme lui, alors comment joueront les maîtres ? »
Malgré son talent exceptionnel, Alard demeura modeste et discret, préférant se consacrer à l’enseignement plutôt qu’aux feux de la scène.

Messiah Stradivarius (1716) d'Alard

Nommé professeur au Conservatoire en 1843, il épousa peu après la fille de Jean-Baptiste Vuillaume —le plus grand luthier et collectionneur de violons en France.

Connu pour son jeu pur et expressif, avec peu de vibrato, Alard composa des concertos pour violon solo et duo, des quatuors, des études, des fantaisies ainsi qu’une symphonie (1855). Cependant, son héritage le plus durable demeure sa méthode d’enseignement, qui associait avec brio les techniques classiques aux innovations révolutionnaires de Paganini.

À la mort de son beau-père en 1875, Alard hérita de l’exceptionnelle collection de violons de Vuillaume. Un an après son décès, ses filles firent don de son précieux violon del Gesù, fabriqué par Guarneri en 1742, au Conservatoire.
Mais ce n’était qu’un des nombreux instruments prestigieux qu’il possédait : son héritage comptait notamment un violon Amati de 1649 et deux violons Stradivari de 1715 et 1728.
C’est lui qui donna son surnom au violon le plus précieux du monde dans la collection de Vuillaume : le Stradivari Messiah, qui célébra son 300ᵉ anniversaire en 2016. Cet instrument légendaire n’a été joué que par une poignée de maîtres, parmi lesquels Pablo de Sarasate, l’élève d’Alard.

Note : La coiffure représentée dans le tableau de Biard ressemble étroitement au portrait gravé d’Alard conservé aux archives de la BnF en tant que copie signée. Cela suggère qu’Alard ait pu modifier sa coiffure à la fin des années 1850 ou que Biard ait basé son dessin sur une gravure de journal inversée —pratique courante à l’époque (comme en témoigne le cas de de Nieuwerkerke). Malheureusement, aucune caricature de Giraud ne permet de confirmer l’une ou l’autre hypothèse.