Fromental Halévy (1799–1862), Compositeur

1re image: Soirée; 2e: photo par Étienne Carjat (1860); 3e: photo par Nadar (1860); 4e: caricature par Eugène Giraud dessiné le 1er février 1861 à la soirée de Nieuwerkerke.

D’une nature discrète et généreuse, Fromental Halévy était —aux côtés de Meyerbeer76 — l’un des compositeurs les plus acclamés des débuts du Grand opéra français. Ses livrets étaient souvent écrits par son ami proche Scribe74, bien que Halévy, qualifié par la presse de « chirurgien de la poésie », les adaptât fréquemment à sa propre vision artistique.

Son opéra La Juive , créé en 1835, lui apporta une renommée internationale. Situé au XVᵉ siècle, le récit tragique met en scène Rachel —fille perdue d’un cardinal, sauvée et élevée comme juive— qui tombe amoureuse du prince chrétien Léopold. Leur romance impossible se déroule jusqu’à la révélation de la véritable identité de Rachel, qui se jette vers une mort atroce dans le dernier acte. Cette même année, Liszt50b composa les brillantes (mais pas forcément joli) Réminiscences de La Juive, inspirées par l’opéra d’Halévy.

Avec plus de cinq cents représentations au XIXᵉ siècle, La Juive devint un pilier du répertoire lyrique. Au XIX siècle, , son rôle principal fut immortalisé par de célèbres ténors tels qu’Enrico Caruso.

Halévy joua un rôle clé dans le développement des carrières de Gounod70b, Saint-Saëns, et de son protégé Bizet— qui épousa plus tard sa fille, Geneviève.

Compositeur infatigable, Halévy acheva trente-trois opéras en trente ans. Malgré ce rythme intense, il était une figure incontournable des cercles mondains parisiens, assistant à des soirées en compagnie de son épouse sophistiquée Léonie —de vingt ans sa cadette. Le couple rencontrait régulièrement Auber56, Augier53, et Mérimée54. Leur invité régulier, Eugène Delacroix10, affirma un jour qu’ils étaient trop cosmopolites pour vivre à la campagne, plaisantant : « Ils avaient besoin d’assister à une fête chaque soir. »

En juillet 1854, Halévy fut nommé secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts—premier compositeur à occuper cette fonction prestigieuse, ce qui explique probablement ses invitations récurrentes aux soirées du comte de Nieuwerkerke’s16.

Le rythme effréné d’Halévy laissa Léonie isolée et mélancolique. Elle se remit à l’institut psychiatrique du célèbre Dr Blanc à Passy (où le chirurgien Jobert de Lamballe01 passa également ses dernières années).

À son retour, elle se lança dans la collection d’œuvres d’art—sans grande cohérence, selon Delacroix, qui jugea l’assemblage de tableaux d’Ingres, Rubens, Vernet, d’aquarelles de la princesse Mathilde et de bustes en marbre comme un « bric-à-brac étouffant ».
Halévy, lui, trouvait du plaisir dans les activités de son épouse. Doté d’une capacité rare à se concentrer et à travailler en tout lieu, il poursuivit ses compositions. Pourtant, à la fin des années 1850, ses nouveaux opéras reçurent un accueil mitigé, l’intérêt du public s’étant déplacé vers les œuvres contemporaines de Bizet, Gounod et Wagner.
Sur les conseils de son médecin, il passa l’hiver à Nice, où il s’éteignit le 17 mars 1862.