Louis James Alfred Lefébure-Wély (1817-1869), organiste, compositeur

1re image: Biard; 2e: Chevalier boutonnière (Ch: 1850); 3e: gravure par Dumoulin (1855); 4e: par Ch. Reutlinger (1860).

Le 5 mars 1852, Alfred Lefébure interpréta des fantaisies et son célèbre Boléro à la vendredi-soirée de de Nieuwerkerke16, puis à nouveau le 3 février 1854, lors d’une soirée où Gounod70b présentait une conférence sur son Prélude de Bach. Malgré ces prestations, Eugène Giraud11 ne réalisa jamais sa caricature. Lefébure préférait probablement retrouver sa famille après la soirée plutôt que de participer à l’après-soirée dans l’atelier de Viel43. Le titre de Chevalier de la Légion d’Honneur de Lefébure (reçu en 1850) est visible.

Organ Saint-Roch

Alfred Lefébure révéla très tôt son prodigieux talent. Son père, anciennement nommé Lefebvre, puis Lefébure-Wély, plus à la mode, était compositeur et organiste à l’Église Saint-Roch à Paris, où Alfred fit sa première représentation publique à l’âge de huit ans.
Caché de la vue des fidèles, ceux-ci crurent que c’était son père qui jouait —atteindre le pédalier à cet âge devait être un véritable défi.

En 1827, son père fut victime d’une attaque cérébrale. Pour subvenir aux besoins de sa famille, Alfred assuma la fonction d’organiste à Saint-Roch, poste qu’il occupa durant quatre ans. Sa première composition pour piano fut publiée en 1831, mais son père décéda trois ans plus tard, laissant Alfred orphelin à quatorze ans.
Malgré son jeune âge, Alfred conserva son poste à Saint-Roch, perfectionnant ses talents avant d’intégrer le Conservatoire de Paris en 1832.

Sous la direction de Halévy19, il étudia le piano, l’orgue et la composition, remportant le premier prix pour son interprétation du Concerto pour piano n°1 de Chopin. Connue pour son approche originale, il surprenait souvent la congrégation en remplaçant la musique religieuse traditionnelle par des improvisations sur des chœurs d’opéras, des mélodies populaires et ses propres compositions —y compris son Boléro.

Destiné à la gloire internationale et à des distinctions comme le Prix de Rome, Lefébure choisit pourtant l’amour plutôt que le prestige. Il épousa la jeune soprano Joséphine Thérèse Court le 15 avril 1843, préférant rester à Paris pour soutenir sa famille plutôt que de poursuivre davantage de prix.

Se consacrant pleinement à la composition, Lefébure créa de nombreuses adaptations de mélodies populaires ainsi que des études élégantes pour piano, dont certaines dédiées à Auber56. Il fut fréquemment sollicité pour se produire lors de soirées chez Herz, de Rothschild et Ponchard25, où il jouait souvent aux côtés de célébrités telles que Roger04a, Pasdeloup12 et le violoniste Alard15.

À l’instar de Chopin avec Pleyel et Liszt avec Érard, Lefébure développa un lien profond avec le facteur d’orgues Cavaillé-Coll. Lorsque l’entreprise installa son célèbre orgue à La Madeleine en 1846, Lefébure en devint l’organiste. Bien qu’il démissionna en 1858 pour se consacrer à la composition, il revint en 1863 lorsqu’Cavaillé-Coll acheva l’orgue monumental de Saint-Sulpice —le plus grand de Paris avec ses 100 registres.

Si la majorité de ses œuvres—including deux symphonies, plus de 200 pièces pour piano et de nombreuses compositions pour orgue— sont tombées dans l’oubli, son nocturne Les Cloches du Monastère, Op. 54, reste connu. Curieusement, cette pièce figure dans la bande sonore du jeu horreur-survie vidéo Five Nights at Ferries 2, où elle crée une ambiance mystérieuse et troublante.

Lefébure consacra sa vie à la musique, ce qui eut de lourdes conséquences sur sa santé. Atteint de tuberculose, il s’éteignit prématurément à l’âge de 52 ans.