Franz Liszt (1811 – 1886), pianiste, compositeur
1re image: Soirée; 2e: par Kaulbach (1856); 3e: par Louis Daguerre (1841); 4e: Photo (1856); 5e: photo Hanfstaengel (1858)(Ernst Burger archive). Liszt Arte-TV. (Alternatif: Regnault)
La ressemblance frappante de ce personnage avec Franz Liszt est la raison pour laquelle j'ai commencé mon enquête sur la Soirée au Louvre en 2015. Convaincu de sa présence, je me suis concentré sur les (cinquante) personnes inconnues du tableau. Ce n'est que des années plus tard que j'ai conclu que le seul candidat viable pour ce poste était le scientifique Regnault50a. Liszt était à Paris en octobre 1853 et y rencontra nombre de ses amis représentés ici, mais les vendredi-soirées n'avaient pas encore commencé.
J'ai conservé le profil de Liszt dans cet aperçu en guise d'hommage. Sans lui, je n'aurais pas entrepris ma quête pour retrouver tous les personnages du tableau. Je le considère également comme un exemple de la complexité de l'identification des images à une époque où la photographie était encore quasiment absente.

Le virtuose hongrois 'petit' Franz Liszt arriva à Paris avec son père et y connut un immense succès. À Paris, il logea chez le facteur de pianos Erard, qui le soutint à la mort de son père en 1827.
Surmontant cette perte et un amour impossible pour Caroline de Saint-Cricq, fille d’un ministre français, Liszt consacra son temps à perfectionner son jeu et à composer.
Sa liaison avec la comtesse mariée Marie d’Agoult et leurs voyages en Suisse et en Italie marquèrent le début d’une production musicale prolifique. Jusqu’en 1847, il parcourut l’Europe et se produisit même à Istanbul. Il fut le premier à organiser des concerts solistes.
Épuisé par ces tournées peu confortables et après sa séparation avec d’Agoult, avec qui il eut trois enfants, il s’installa à Weimar en 1848 aux côtés de la princesse mariée Sayn-Wittgenstein, se consacrant à l’écriture et à la direction musicale.
Le rival pianistique de Liszt, Thalberg (Liszt l'éclipsait en tant que compositeur) avait joué au Louvre en mars 1852. La présence de Liszt allait sans aucun doute marquer le point culminant des événements de de Nieuwerkerke16. Après avoir longuement recherché où se trouvait Liszt, octobre 1853 s'est avéré être la seule option envisageable.

Accompagné de la princesse de Sayn-Wittgenstein et de son protegé et ami Wagner, jeune compositeur, Liszt arriva à Paris le 10 octobre 1853. De nombreux journaux annoncèrent son arrivée en amont.
Durant ce séjour de trois semaines, son agenda était chargé : promouvoir l’œuvre de Wagner, approuver un nouveau piano-orgue Liszt conçu par Alexander, assister à l’Opéra, organiser un dîner avec ses amis parisiens, promouvoir son ouvrage sur Chopin, et surtout retrouver, après huit ans d’absence, sa mère et ses trois enfants.
Son premier amour, Caroline de Saint-Cricq, prévoyait d’être à Paris également.
Il rencontra Meyerbeer76 et Scribe74, et dîna avec de nombreux bons amis, dont Halévy19, Ingres39 et Scheffer41a. Certes, il aurait pu avoir l'occasion, lors de son séjour à Paris, de poser pour Biard et de visiter le Louvre.
Hélas, les vendredi-soirées n'avaient pas encore commencé. La dernière avait eu lieu le 18 avril. Elle était organisée par Viel-Castel43 en raison de la maladie de la mère de de Nieuwerkerke. Les événements ne reprendraient qu'en décembre, laissant ainsi le scientifique Regnault50a comme seul candidat viable.
Liszt quitta Paris précipitamment pour Weimar le 19 octobre. Wagner, qui était tombé amoureux de Cosima Liszt, et la princesse Sayn-Wittgenstein restèrent sur place. Cette dernière rencontra Caroline Dartigaux (née Saint-Cricq) après le 25 octobre.
En 1854, Liszt voyagea aux Pays-Bas et en Belgique, mais malgré les annonces dans la presse, il ne se rendit pas à Paris. Depuis Weimar, il s’installa ensuite à Rome, où il vécut huit ans. Son mariage prévu avec de Sayn-Wittgenstein fut refusé par le Pape.
Il traversa également de lourdes pertes : son fils Daniel en 1859 et sa fille Blandine en 1862.
Ces événements le poussèrent à envisager la prêtrise, projet qui ne se concrétisa jamais. Il se tourna alors vers des compositions plus religieuses, introspectives et sombres, souvent incomprises du public qui se souvenait de lui comme d’un rock star du piano.
À partir de 1869, Liszt mena une vie trifurquée, partageant son temps entre la composition, l’enseignement et la direction d’orchestre entre Rome, Weimar et Budapest, jusqu’à sa mort en 1886.