Gustave-Hippolyte Roger (1815 -1879), tenor

1re image: Soirée, 2e: photo par Petit (1850); 3e: dessin de Lacauchie, acteur dans « Le Prophète » de Meyerbeer (1849); 4e:caricature par Giraud (c. 1851). (Alternatif: Franceschini)

Gustave Roger accéda à la célébrité musicale grâce à son interprétation dans Le Prophète de Meyerbeer, le 16 avril 1849, aux côtés de Pauline Viardot. Son succès fit de lui l’un des ténors les plus recherchés pour les événements musicaux. Il se produisit à plusieurs reprises aux vendredi-soirées de Nieuwerkerke, sa première apparition ayant eu lieu le 7 février 1851, lorsqu’il chanta Aria di Chiesa (1667) du compositeur Alessandro Stradella. Il revint en février 1852 pour interpréter Air de Joseph de Méhul, ainsi que de nombreuses autres performances ultérieures, parfois en compagnie de son professeur, Ponchard25. Issu d’une famille d’origine irlandaise, Roger fut contraint par ses parents d’étudier le notariat avant de renoncer à cette voie pour intégrer le Conservatoire de Paris et se consacrer à l’opéra. Lauréat de nombreux prix dès ses débuts et élève de Ponchard, il fut salué pour ses rôles dans plusieurs opéras d’Auber56, Berlioz, Halévy19, et Meyerbeer76. La troisième image représente Roger dans le rôle de Jean de Leyde dans Le Prophète, une œuvre que Meyerbeer avait spécialement écrite pour lui. Le 16 avril 1852, il interpréta la première de Le Juif Errant, un opéra composé par Halévy et Scribe74, sous la direction de Narcisse Girard23. Cette première marqua un tournant dans la scène lyrique parisienne, Roger remplaçant le ténor Duprez21, que la presse critiquait pour avoir conservé la première place trop longtemps. Pourtant, dans le tableau de Biard, Roger occupe une position moins mise en valeur que Duprez.
Roger fit de nombreuses tournées en Belgique, en Angleterre et en Allemagne, où il connut un grand succès. En 1859, un accident de chasse lui coûta un bras, mais cela ne l’empêcha pas de poursuivre sa carrière à l’opéra. Il s’adapta en portant une prothèse dotée d’un mécanisme remarquable permettant de mouvoir son bras et sa main.
Plus tard dans sa carrière, Roger devint un fervent défenseur des opéras de Wagner. Dans la caricature de Giraud, l’inscription Ah! quel plaisir d’être soldat fait référence à un air que Roger aurait probablement chanté ce soir-là. Bien que représenté aux côtés de Duprez dans le tableau de Biard, il est peu probable qu’ils aient chanté ensemble lors d’un vendredi-soirée. La presse affirmait : La jalousie fait du bien à Roger, mais elle ne surpassera jamais la grandeur de son talent.