Ary Scheffer (1795-1858), peintre
1re image: Soirée; 2e: auto portrait (1838); 3e: par Lehmann (1849); 4e: lithographie basée sur Reutlinger (c.1858).(Alternatif: Seligmann)
Né à Dordrecht, en Hollande (alors sous domination française), Ary Scheffer Ary Scheffer pour étudier auprès de Guérin. Il ne se conforma pas au style romantique français traditionnel. À l’instar d’Ingres, qu’il admirait, Scheffer fut influencé par Raphaël, mais privilégia l’expression émotionnelle dans ses œuvres, comme son ami Delacroix10. Certains critiques qualifièrent son style de « sentimental », mais malgré les avis partagés, ses tableaux connurent un immense succès, rivalisant en popularité avec ceux d’Ingres.
Ses commandes royales sous Louis-Philippe, ainsi que son goût pour la politique, la littérature (Dante, Goethe, Lamartine) et la musique, le menèrent au sommet de la société française. Il se lia d’amitié avec Franz Liszt50b, Frédéric Chopin et George Sand.

par Scheffer
Comme Berlioz, Gounod et Sand, Scheffer était fasciné par la mezzo-soprano Pauline Viardot, protégée de Liszt. Toutefois, son amour pour elle ne se concrétisa jamais, son époux Louis Viardot étant son meilleur ami.
Outre ses œuvres à caractère religieux, Scheffer réalisa plus de cinq cents portraits, parmi lesquels ceux de personnalités des vendredi-soirées telles que Barrot55, Gounod70b et Vernet31.
Nommé Commandeur de la Légion d’Honneur en août 1848, il aurait dû arborer la cravate rouge dans Une Soirée au Louvre, comme Ingres et Fortoul46. Cependant, il refusa cette distinction, estimant qu’elle lui avait été attribuée pour ses services militaires lors des révoltes de 1848, et non pour ses qualités artistiques—sans doute sur recommandation de son ancien commandant, Lawoestine42, représenté à ses côtés dans le tableau.
L’absence de Scheffer au Salon de 1855 déçut profondément la presse, qui espérait voir davantage d’œuvres de ce
« grand soleil, éclairé par les rayons radieux et lumineux de ses toiles, qu'il vient demander l'immortalité ! ».
L’écrivain Ernest Renan27, qui épousa la nièce de Scheffer en 1856, vécut avec lui et sa femme Sophie Marin dans leur demeure de la rue Chaptal, aujourd’hui transformée en Musée de la Vie Romantique. Un étage y est consacré à la vie et aux œuvres du peintre.
Plusieurs de ses tableaux ne furent révélés qu’après son décès en 1858. Lors d’une exposition posthume en 1859, une foule considérable afflua pour admirer ses œuvres.
La sculpture était pour Scheffer ce que le violon représentait pour Ingres. Il transmit sa passion à son élève talentueux, Auguste Bartholdi, l’orientant vers la réalisation de son chef-d’œuvre : la Statue de la Liberté (en collaboration avec l'architecte Viollet-le-Duc,40a). En 1859, quelques mois après la disparition du maître, Auguste Bartholdi écrivit :
« Je suis élève d'Ary Scheffer et le seul élève sculpteur qu'il ait formé. Il a fait depuis mon enfance toute mon éducation artistique, […] il m'a toujours appuyé de ses conseils, venant voir mes travaux, jusque dans ses derniers jours […] me témoignant toujours une affection paternelle. »
Le Musée de Dordrecht (ville natale de Scheffer) conserve la plus importante collection de ses œuvres.