Prosper Merimée (1803 – 1870), historien, inspecteur des monuments, écrivain
1re image: Soirée; 2e: Arcellin (c.1850); 3e: pastel par Rochard (1852); 4e: dandy Merimée, par Rochard (c.1835).
Prosper Mérimée, l’esprit derrière l’opéra Carmen de Bizet, était un talent aux multiples facettes. Peu de gens connaissent ses centaines de voyages en tant qu’inspecteur et protecteur des monuments historiques, tels que la forteresse de Chinon.
En plus d’être un écrivain de nouvelles, Mérimée était aussi sénateur, peintre talentueux et linguiste, maîtrisant l’anglais, l’espagnol, l’italien, le russe, le grec et le latin.
Né de parents peintres renommés, Mérimée grandit dans un environnement foisonnant d’artistes venus de divers pays et parlant plusieurs langues. À dix-sept ans, sa première histoire d’amour fut interrompue par ses parents, qui lui refusèrent également la suivante.
Se tournant alors vers la lecture, il développa une passion pour les récits hors du commun.
D’abord étudiant en droit, comme c’était la norme, ses parents remarquèrent son talent pour le dessin et lui permirent d’intégrer une école d’art.
Sa curiosité insatiable l’amena à étudier également les langues et l’architecture, tout en s’immergeant dans la poésie de Lamartine et Byron et en nouant une amitié avec l’écrivain et séducteur Stendhal

Jeune et séduisant, Mérimée cultiva ces deux facettes, publiant sa première nouvelle, Théâtre de Clara Gazul (1825), sous pseudonyme —une ruse apprise auprès de Stendhal.
Une douzaine d’autres nouvelles à succès suivirent, dont La Guzla.
Sa carrière gouvernementale débuta en 1830, le menant en Espagne, où il devint l’amant de la comtesse de Montijo, inspirant son ouvrage Carmen en 1845. Sa fille, Eugénie (née en 1826), épousa Napoléon III en 1853, influençant fortement la carrière de Mérimée lorsqu’elle devint impératrice.
Mérimée entretenait des amitiés de longue date avec des figures illustres telles que Viollet-le-Duc40a, Viel-Castel43, Delacroix10, Augier53, et de Musset73. Ils dînaient régulièrement à La Rotonde du Palais-Royal, en compagnie d’autres personnalités, comme le diplomate russe Kisselef58.
En 1831, le jeune dandy Mérimée rencontra Jenny Dacquin, avec qui il entretint une correspondance qui fut publiée sous le titre Lettres à une inconnue (1874).
Il se lia également d’amitié avec Victor Hugo et eut une brève relation avec George Sand en 1833.

Le Monde Illustre (1871)
En 1834, il trouva son emploi idéal comme inspecteur des monuments historiques, voyageant abondamment en France et à l’étranger.
Son idylle avec Valentina Delessert, débutée en 1836, dura dix ans et inspira nombre de ses nouvelles. Une autre romance en Corse, en 1839, lui inspira son roman Colomba.
Mérimée voyageait souvent avec l’architecte Viollet-le-Duc.
Alors que les architectes, tels des loups chargés de garder les brebis, préféraient souvent reconstruire les bâtiments, Mérimée cherchait à préserver le passé (vidéo). Élu à l’Académie Française en 1844 (après sept tours de vote), il interrompit sa carrière d’écrivain pendant vingt ans.
La Révolution de 1848 et le coup d’État de 1851 favorisèrent son ascension politique.
Viel-Castel écrivait en avril 1851 : « Mérimée est comme Nieuwerkerke, il faut qu'il soit de tout. Il me disait : « Je suis membre de neuf commissions!
Bien qu’impliqué dans un scandale en 1852, l’impératrice Eugénie insista pour qu’il devienne son secrétaire. Mais l’empereur, refusant d’accepter l’athée Mérimée, préféra soutenir sa nomination comme sénateur en 1853.
Cette promotion confirma sa présence remarquée aux vendredi-soirées de de Nieuwerkerke16.
Alors que sa santé déclinait, Mérimée revint à l’écriture, publiant son dernier roman, La chambre bleue. Il s’éteignit à Cannes en 1870.
Malheureusement, la plupart de ses écrits disparurent lorsque sa maison de la rue de Lille fut incendiée par les Communards en 1871.