Eugène Giraud (1806–1881), peintre et graveur

1re image: Soirée; 2e: par Paul Baudry (1860); 3e: photo par Nadar (1860s); 4e: auto-caricature dessinée au début 1860s.

Principalement connu pour ses caricatures des personnalités riches et célèbres, Eugène Giraud était un peintre et graveur qui évoluait aisément dans les cercles de l’élite. Issu d’une famille aisée aux fortes attaches bonapartistes, il était un proche de la princesse Mathilde—maîtresse de de Nieuwerkerke—à la fois professeur, ami et auteur d’un portrait « séduisant » d’elle. Celle-ci lui donna affectueusement le surnom de Giraille, signe de leur complicité.

Jeune Lavandiere (1841)

En 1846, Giraud entreprit un voyage de six mois avec l’écrivain Alexandre Dumas en Espagne, au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Cette expérience lui permit de découvrir la richesse de l’art hispanique et nord-africain ainsi que de ses artistes. Dumas relata leurs péripéties dans De Paris à Cadix (1847). À l’instar de Delacroix10, Giraud fut un peintre orientaliste, privilégiant l’atmosphère et l’émotion plutôt que la représentation fidèle, un style qui en fit un choix idéal lorsque de Nieuwerkerke souhaita immortaliser les invités aristocratiques de ses vendredi-soirées au Louvre. Déjà très actif dans l’entourage de la princesse Mathilde, Giraud—esprit bohème et plein d’esprit—était la personne parfaite pour réaliser une caricature chaque soir.

En mai 1855, Giraud avait déjà exécuté soixante-dix portraits. Au fil de près de vingt ans, il produisit plus de 200 caricatures, dont environ 170 sont connues aujourd’hui.

Son processus était à la fois instinctif et méthodique : il observait un invité (choisi par lui ou par de Nieuwerkerke) puis esquissait sa caricature en fin de soirée lors d’un after-party dans l’atelier d’Horace de Viel-Castel43, entouré d’un petit cercle de convives. En deux heures, le dessin était achevé.

La princesse Mathilde écrivit : « Ses dessins amusaient, suscitaient rires et joie, mais ils n’étaient jamais offensants. Tout le monde voulait qu’il fasse son portrait. »
Très proche de son frère cadet Charles47 (également représenté dans le tableau), Eugène Giraud vécut dans la maison de la princesse Mathilde et y resta pendant trente-cinq ans jusqu’à sa mort en 1881. Ses caricatures sont conservées à la Bibliothèque nationale de France (BnF) et sont parfois présentées dans des expositions.