Félix-Louis-Jacques Duban (1798 – 1870), architecte
1re image: Soirée; 2e: par Heim (1856); 3e: par Pierre Petit (1864); 4e: par Antoine Gros (c1830); 5e: Monvoisin (1873), probablement basé sur la photo de Petit, ajoutant la cravate rouge que Duban a reçue en 1868.
Le style de Félix Duban fut profondément influencé par son séjour de cinq ans à Rome après avoir remporté le Prix de Rome en 1823. Ses carnets de croquis, illustrant des études précises de monuments historiques à Rome, Florence et Pompéi, témoignent de son admiration pour l’architecture antique ainsi que pour des maîtres plus récents comme Giotto. Ingres39 enviait ses reproductions fidèles, tandis que le critique d’art Charles Blanc observa :
"Même si la photographie pouvait rendre les couleurs comme elle rend les formes et les structures, elle ne pourrait être plus précise, avec une expression plus complète, que [les études de Duban]."
De retour en France, Duban mit en valeur ses talents d’architecte festif en concevant des illuminations et des décors pour des célébrations comme celles de juillet. Son vaisseau en carton, illuminé sur la Seine en 1834, devint un spectacle célèbre mais controversé après que les journaux révélèrent que la plupart des fonds de l’événement, y compris le bateau, étaient restés aux mains du ministre parvenu Thiers.

En 1837, son beau-frère, l’architecte Debret, lui demanda de poursuivre la restauration de l’École des Beaux-Arts, aujourd’hui célèbre pour le Hémicycle de Delaroche. Duban mobilisa les élèves d’Ingres pour reproduire les fresques de Raphaël, aboutissant à un chef-d’œuvre.
D’autres projets suivirent : la restauration des châteaux de Blois, Amboise, Dampierre, Chantilly et, à partir de 1842, de la Sainte-Chapelle. Il créa également un vitrail pour la comtesse d’Agoult.
Sa restauration en 1850 de la Galerie d’Apollon du Louvre fut une création presque entièrement nouvelle. Il fit appel à des artistes comme Charles Müller18 (Aurore) et Delacroix10 (Apollon vainqueur du serpent Python).
Rouverte en 1851 par Louis-Napoléon, la galerie fut acclamée pour sa splendeur. "C’était plus beau que cela ne l’a jamais été," écrit Chennevières en 1855. L’empereur récompensa Duban et de Nieuwerkerke16 en leur décernant la Légion d’Honneur. Bien que critiqué pour l’usage du bitume dans l’étanchéité de la cour, son travail fut défendu avec enthousiasme dans une lettre adressée en 1852 à L’Argus par un fournisseur de bitume recommandant à Duban de l’utiliser dans toutes ses restaurations.
Duban assista au vendredi-soirée de de Nieuwerkerke le 19 décembre 1851. Comme Duret, il échappa à une caricature d’Eugène Giraud. Il fut remplacé par Visconti09 après que l’empereur ne l’eut pas trouvé lors d’une inspection en février 1852, mais récupéra le poste d’architecte impérial après le décès de Visconti en décembre 1853. En collaborant avec Viollet-le-Duc40a, Duret59, et Lassus62, soutenu par l'inspecteur Mérimée54, il forma une équipe majeure dans l’architecture historique et moderne, le design et la restauration.
Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, Duban fuit Paris, d’abord pour Blois, puis pour Bordeaux. Atteint depuis des années d’ulcères à l’estomac et de troubles nerveux, il mourut le 8 octobre 1870, entouré de sa femme et de sa fille Félicie.
Il fut enterré au cimetière de Montmartre, où le médaillon de sa tombe fut sculpté par Guillaume (élève de Pradier03) qui réalisa également celui de Duret cinq ans plus tôt.