Eugène-Emmanuel-Amaury Pineu Duval (Amaury Duval) (1808 -1885), peintre
1re image: Soirée; 2e: autoportrait (1832); 3e: par Eugène Dévèria (1843); 4e: par Nadar (1864); 5e: caricature par Eugène Giraud dessiné le 26 février 1864 à la soirée de de Nieuwerkerke; Video. (Alternatif: Barbet)
Encouragé par son père, membre de la division des beaux-arts de l’Institut, Amaury Duval fut accepté à dix-sept ans par Ingres39 comme l’un de ses premiers élèves, aux côtés de Flandrin79. Formé sous l’influence du maître, il fut envoyé en Grèce par Charles X afin de représenter des vestiges archéologiques. Son intérêt pour l’art grec et la Renaissance italienne transparaît dans ses œuvres néo-classiques, régulièrement admises aux Salons parisiens de 1833 à 1868.
Aux côtés d’autres talents émergents —Delacroix10, de Musset73, Henriquel-Dupont51, Pradier03, et Liszt50b, —Amaury fréquentait le cercle du peintre Eugène Déveria. Amis proches, Amaury et Eugène arboraient une barbe en pointe, jugée scandaleuse à l’époque. Amaury était le cousin de Regnault50a, dont il réalisa le portrait.
Ces liens illustrent la solidarité de la communauté artistique, soutenue notamment par les vendredi-soirées de de Nieuwerkerke16.
Ingres était un mentor exigeant : ses élèves devaient suivre aveuglément sa vision dogmatique de l’art, sous peine d’être écartés. Cette rigidité empêcha la plupart d’entre eux de développer un style personnel, les réduisant à de simples copistes. Amaury Duval, souvent qualifié de « disciple maladroit » d’Ingres, fit exception à cette règle.
Aujourd’hui, ses tableaux sont rarement exposés au grand public, la dernière rétrospective de son œuvre remontant à 1974. Cependant, son nom perdure grâce à son ouvrage L’Atelier d’Ingres (1878), qui non seulement retrace des anecdotes sur Ingres et son école, mais ouvre aussi une réflexion sur la réforme des Salons artistiques.
Á propos d'Ingres, Amaury écrit : les plus grands peintres sont les pires professeurs.

Pourquoi Amaury Duval figure-t-il dans Une Soirée au Louvre, alors qu’il ne faisait pas partie de l’entourage aristocratique habituel ?
Sa présence semble avoir été voulue par de Nieuwerkerke. En collaboration avec l’architecte Lassus62, Amaury fut mandaté par l’État pour décorer plusieurs édifices, notamment la cathédrale de Chartres (1838) et l’église de Saint-Germain-en-Laye (1848–1853). Ses fresques buon fresco sont reconnues comme des contributions majeures à l’art religieux du XIXe siècle. Il est probable que Duval et Lassus aient présenté leurs travaux lors d’une soirée en 1853.
Une autre explication réside dans son tableau La Tragédie, réalisé en 1854. Cette œuvre représente Rachel Félix81 dans un paysage grec et fut commandée par l’État sous l’autorité de de Nieuwerkerke. Exposée au Salon de 1855, elle ne fut cependant jamais payée.
Rachel, étoile du monde culturel parisien, fascinait par ses performances dans les tragédies grecques et se produisit à plusieurs reprises lors des soirées de de Nieuwerkerke. Elle fut non seulement la maîtresse de Napoléon III mais aussi d'autres hommes de haut rang, dont plusieurs sont représentés dans Une Soirée au Louvre, ce qui fut une raison pour l'éliminer, en 1854, de la version initiale du tableau. Amaury Duval a peut-être assisté à un ou plusieurs vendredi-soirées où elle s'est produite.
Absorbé par sa peinture, Amaury Duval ne maîtrisait pas l’art de vendre ses œuvres à leur juste valeur. Ce n’est qu’au cours des années 1860 qu’il acquit une certaine fortune, en partie grâce à ses fresques décoratives, mais surtout par l’héritage conséquent reçu par sa sœur.
Il se retira de la vie parisienne dans les années 1870, passant ses étés sur la côte ouest de la France (Vendée), au château de Linières.
Il s’éteignit le jour de Noël 1885, deux mois seulement après la publication d’un deuxième volume de Souvenirs.
Son œuvre Jeune fille sortant du bain était la seule encore retenue à l’époque. Il ne reste aujourd'hui qu'une gravure et des photographies. L'original a été perdu en 1940.