Francisque-Joseph Duret (1804 – 1865), sculpteur
1re image: Soirée; 2e: par Alophe (1840); 3e: par Lemercier (c.1854); 4e: par Heim (1856).
Francisque Joseph Duret Francisque Joseph Duret (son prénom renvoie aux origines espagnoles de sa famille) est l’un des trois sculpteurs représentés dans ce tableau. Où de Nieuwerkerke16 utilisa ses talents de sculpteur pour lancer sa carrière aux Beaux-Arts et où Pradier03 se fit connaître par ses élégantes statues de marbre sensuelles qui s’accordaient à son mode de vie bohème, Duret consacra sa vie aux sculptures monumentales, menant une existence paisible, éloignée des maîtresses et des scandales.

Les œuvres de Duret sont visibles un peu partout à Paris. Il sculpta Saint Michel terrassant le démon à la fontaine Saint-Michel ; les télémons du tombeau de Napoléon aux Invalides (conçus par Visconti09) ; l’archange Gabriel à la Madeleine ; des statues au Cirque d’Hiver ; Tragédie et Comédie au Théâtre Français (aujourd’hui à Toulouse) ; la fontaine Vénus dans les jardins des Champs-Élysées ; La Loi au Palais de Justice, ainsi que de nombreux ornements au Louvre, réalisés en étroite collaboration avec l’architecte Duban60
Avec plus de cinquante sculptures à son actif, Duret représenta Chateaubriand, Molière et Visconti, et créa des monuments funéraires pour des invités des vendredi-soirées, tels que Halévy19 et Ponchard25 aux cimetières du Père-Lachaise et de Montmartre.
Formé dans une tradition classique par son père jusqu’à la mort de celui-ci en 1818, il poursuivit son apprentissage auprès du baron Bosio, premier sculpteur du roi. Une médaille d’or obtenue en 1823 lui permit d’intégrer l’atelier de Bosio à l’Académie de France à Rome pendant cinq ans.
Bien que formé aux techniques traditionnelles de la sculpture, Duret affirma son indépendance en créant des œuvres imaginatives et en expérimentant avec le moulage à cire perdue.

Sa sculpture Mercure inventant la lyre (1829) connut un succès immédiat au Salon de 1831 et fut achetée par Louis-Philippe pour le Palais Royal. Endommagée lors de la Révolution de 1848, elle fut plus tard refondue en bronze et se trouve aujourd’hui à l’Opéra.
Sa statue la plus célèbre, Pêcheur napolitain dansant la tarentelle (1832), confirma sa renommée et lui assura des commandes royales et gouvernementales. Il est élu membre de l'Académie des Beaux-Arts en 1843.
En 1850 il épousa Clémentine Turac, petite-fille de Luigi Cherubini (professeur de Halévy et Auber). Le journal Daguerrotype plaisanta sur cette union en écrivant qu’il « venait de concevoir une nouvelle œuvre ».
Duret privilégia sa vie familiale avec leurs deux filles à une existence d’artiste bohème. Même le sévère Viel-Castel43 ne trouva aucun reproche à lui adresser.
Il participa aux soirées de Nieuwerkerke au moins deux fois : le 7 juin 1850 et le 19 décembre 1851. Son bouton de Chevalier de la Légion d’Honneur, visible dans Une Soirée au Louvre, précède sa promotion au grade d’Officier en juillet 1853, visible dans le dessin de Heim (1856).
Contrairement à nombre de ses contemporains, Duret échappa à toute caricature d’Eugène Giraud. Il n'avait probablement aucune envie de prendre le thé tard le soir et de fumer dans l'atelier de Viel.
À la fin de 1864, Duret tomba malade, probablement des suites d’une affection cardiaque, et mourut le 26 mai 1865, laissant derrière lui sa veuve et leurs deux jeunes filles. Son tombeau, situé section 19 du Père-Lachaise, fut sculpté par Eugène Guillaume.