Louis Pierre Henriquel-Dupont (1797-1892), graveur

1re image: Soirée; 2e: par Aristide Louis (1839); 3e: par Bingham (c.1850); 4e: par Heim (1856); 5e: autoportrait (1869).

Indiqué dans la gravure de Dayot (1900) représentant Une Soirée au Louvre, Henriquel-Dupont présente une ressemblance acceptable, bien que non parfaite. La photo de Bingham, datant du début des années 1850, correspond bien, tout comme le dessin de Heim de 1856.

Rachel par Dupont (1852)
(après Lehmann)

À l’époque des premières vendredi-soirées, l’art de la gravure jouissait d’un immense prestige et était essentiel à la publication et à la promotion des œuvres d’art. C’était l’ère de graveurs tels que baron Desnoyers35 et son collègue plus jeune, Henriquel-Dupont. Toutefois, la disparition rapide de cette profession à la fin du XIXᵉ siècle est introduite dans ce tableau à travers la figure de Regnault35, pionnier de la photographie.

Louis Pierre Henriquel, qui adopta le nom Henriquel-Dupont comme son père, lui-même graveur, étudia la peinture durant trois ans auprès de Pierre-Guérin, avant de se tourner vers la gravure sous l’enseignement de Bervic.

À vingt ans, son talent et la forte demande en gravure lui permirent d’ouvrir son propre atelier. Il remporta son premier prix de gravure au Salon de 1822 (signant encore sous Dupont) et obtint des médailles d’or aux Salons de 1853 et 1855.

Ingres39 admirait la précision de son travail et lui confia la gravure de la plupart de ses portraits. Parmi ses clients réguliers figuraient également Ary Scheffer41a, Lehmann (notamment pour son portrait de l’actrice Rachel Félix81) et Flandrin79.

Si les critiques louèrent la qualité de ses reproductions, elles considérèrent aussi son style comme froid et monotone, lui reprochant de ne pas adapter son approche au caractère de chaque œuvre.

Sa présence aux soirées de Nieuwerkerke16 était essentielle aux artistes souhaitant publier leurs travaux. Son inclusion dans Soirée au Louvre semble liée à la finalisation, en 1853, après dix ans de travail, de sa gravure de l’Hémicycle de Paul Delaroche à l’École des Beaux-Arts. Il fut grassement rémunéré pour cette œuvre et reversa généreusement le prix reçu pour sa médaille à un fonds destiné aux artistes.
C’est Delaroche lui-même qui, découvrant les premiers résultats de la photographie, déclara :
« À partir d’aujourd’hui, la peinture est morte. »
L’histoire démontra que si l’art de la gravure finit par disparaître, la peinture perdura. À l’aube du XXe siècle, la gravure de reproduction était devenue obsolète.

Henriquel-Dupont fut nommé professeur à l ’École des Beaux-Arts en 1863, formant de nombreux graveurs, dont beaucoup durent trouver des sources de revenus alternatives. Sa dernière exposition eut lieu en 1867, à 70 ans.
Il reste le seul graveur à avoir jamais reçu le titre de Commandeur de la Légion d'Honneur (1878) et à avoir atteint l'âge respectable de 95 ans.