Joseph-Henry Barbet de Jouy (1812 – 1896), conservateur, “Sauveur du Louvre”
1re image: Soirée; 2e: par Levitsky (1865); 3e: photo (c.1880). (Alternatif: Duval)
Henry Barbet était issu d’une famille industrielle de Rouen. Son père dirigeait une fabrique de papier à Jouy et ajouta ce nom pour se distinguer de son frère, propriétaire d’une usine à Rouen. Le changement de nom fut officiellement approuvé en juillet 1859.
Henry étudia le droit et l’architecture, mais ces disciplines ne le satisfirent pas. À douze ans, sa grand-mère lui offrit un vase chinois, ce qui éveilla sa passion pour la porcelaine. Son père connaissait de Nieuwerkerke16, qui engagea Henry en 1850 comme administrateur.
Selon Viel-Castel43, Barbet était incapable de distinguer les vrais des faux. Il s'occupait principalement de tâches administratives, il était initialement rattaché à de Rougé26a, puis à Longpérier37,et refusait de participer aux séances d'achat, ne s'estimant pas suffisamment informé.
En 1853, il devint conservateur adjoint des antiquités et de la sculpture moderne (les œuvres de de Nieuwerkerke). Face à une collection désorganisée, il entreprit immédiatement la rédaction d’un catalogue. Son premier ouvrage, Les Della Robbia, consacré à la sculpture médiévale toscane, fut salué par Viollet-le-Duc40a en janvier 1855. Après avoir été critiqué par Viel-Castel et l'avoir démis de ses fonctions en mars 1863, de Nieuwerkerke nomma Barbet de Jouy à sa place.

Le moment de gloire de Barbet de Jouy arriva lorsque les vendredi-soirées furent interrompues.
Après la défaite française face aux Prussiens en 1870, Paris sombra dans le chaos. Tandis que le gouvernement fédéral s’installait à Versailles, une Commune révolutionnaire prit le pouvoir dans la capitale en 1871. Refusant la Troisième République, elle aspirait à un gouvernement ouvrier à tendance communiste.
La Commune, où figuraient plusieurs artistes dont Gustave Courbet, revendiqua l’accès au Louvre et des espaces de travail, ciblant d’abord les appartements luxueux de de Nieuwerkerke, avant de se contenter du ministère des Beaux-Arts après le refus de Barbet.
Certains artistes suggérèrent de financer la Commune en vendant des œuvres du Louvre. Barbet fit échouer ce projet. Le 23 mai 1871, alors que l’armée fédérale approchait de Paris, les Pétroleuses mirent le feu à plusieurs bâtiments, dont les Archives et le Palais des Tuileries.
Elles exigèrent l’accès aux collections du Louvre, que Barbet et une douzaine de gardiens défendirent obstinément. Après une nuit de pillages et d’incendies, les Pétroleuses menacèrent d’incendier la maison où vivaient sa femme et sa fille. Le lendemain, l’armée fédérale captura les Communards.
Le Sauveteur du Louvre fut promu Officier de la Légion d’honneur. Une porte du côté sud du musée fut nommée en son honneur. Revue Hebdomadaire publia son journal relatant ces événements en 1898.
Courbet fut condamné à six mois de prison et à payer des millions pour sa part des destructions et s’exila en Suisse.
Barbet de Jouy fut relevé de ses fonctions en 1881, vraisemblablement en raison des intrigues d’Alfred Arago, qui convoitait son poste. Durant les dernières années de sa vie, il passa chaque automne près de Lucques, en Italie, aux côtés de son amis de Nieuwerkerke et de Longpérier.
Modeste et distingué, il choisit d’être enterré au cimetière du Père-Lachaise sans cérémonie grandiose.