Count Hippolyte-Nicolas-Honoré Fortoul (1811 – 1856), historien, Ministre d'Éducation

1st image: Biard; 2nd: photo (anonyme, c.1850); 3rd: dessin par Chenu (début 1850s).

Note: Remarquez la probable symétrie de la troisième image. Le tableau comporte la cravate rouge de la Légion d'honneur, indiquant le grade de Commandeur de Fortoul (obtenu le 3 décembre 1853).

Le comte Hippolyte Fortoul assista à de nombreuses vendredi-soirées de de Nieuwerkerke, à commencer par celle du 3 décembre 1852, ainsi que toutes les sessions de cette année-là. Malgré sa présence régulière, aucune caricature de lui réalisée par Giraud n’est connue. Un article de 1854, alors que le tableau était partiellement achevé, mentionne qu’il est « en discussion avec les archéologues ».
Dans la version actuelle, on trouve deux archéologues (Longpérier37 et de Saulcy69), mais même le plus proche, Longpérier, se tient dos à Fortoul, à une distance considérable sur la gauche. Ce détail pourrait résulter de la modification du tableau dans la seconde moitié de 1854.

Fortoul était connu pour ses excellents essais académiques dans la Revue Encyclopédique, et collabora avec de Musset73 dans la Revue des Deux-Mondes. Incité par ses nombreux voyages entre 1834 et 1837, il écrivit deux volumes sur l'art allemand (qui restèrent invendus).. Inspiré par ses nombreux voyages entre 1834 et 1837, il publia deux volumes sur l’art allemand. Pourtant, malgré son intérêt pour la culture germanique, il restait fermement convaincu de la supériorité française dans ce domaine—et dans tous les autres.
Plutôt que d’écrire sur l’ère romantique, il préférait une position où il pouvait exercer son pouvoir. Fortoul appréciait l’intrigue bien plus que le journalisme et gravit rapidement les échelons, veillant à ce que chaque nouveau poste soit supérieur au précédent. Fort de ses convictions bonapartistes et de son vaste réseau, il intégra l’administration publique dans le contexte des réformes de l’État français à la fin des années 1840.

Issu d’un milieu démocratique et républicain, Fortoul accéda aux responsabilités gouvernementales après la chute de la monarchie de Louis-Philippe, consécutive à la Révolution de février 1848.
Sur les recommandations de ses amis, il obtint son premier poste en octobre 1851 : ministre de la Marine.

Ancien professeur de littérature à Toulouse, il semblait peu qualifié pour cette fonction, mais fut choisi faute de candidats maritimes soutenant Louis-Napoléon. Deux mois plus tard, au lendemain du coup d’État de Napoléon, il réussit à échanger ce ministère contre le poste nouvellement créé de ministre de l’Éducation.
Ses contemporains ne furent guère impressionnés par ses compétences. Le caricaturiste Henry Monnier a écrit (dans le rôle de son personnage Joseph Prudhomme) :
« En tant que ministre de la Marine, il était ridicule ; en tant que ministre de l’Éducation, il était un bouffon. »
En 1853, il rendit hommage à son ami Alfred de Musset en lui attribuant à vie un poste avec un traitement annuel de 3 000 francs comme bibliothécaire de son ministère de l'Instruction.

En 1855, il obtint enfin la fonction tant convoitée de membre de l’Académie (lors d'une séance précédente, Longpérier avait obtenu plus de voix), mais son triomphe fut de courte durée. Miné par divers problèmes de santé dès le début de la quarantaine, il se rendit à Bad Ems, en Allemagne, où il succomba à une crise cardiaque.
Bad Ems acquit une notoriété en 1870 à la suite des négociations avortées entre la France et Von Bismarck, qui précipitèrent la guerre franco-allemande, entraînant la chute du Second Empire et la fin de la carrière de de Nieuwerkerke16.
Horace de Viel-Castel43 le méprisait et écrivit : « Monsieur Fortoul vise les honneurs personnels ; il fait publier ses inepties sur l’art et l’archéologie dans les journaux et ne se soucie aucunement des écoles. »

La maison natale de Fortoul, située à Digne, est aujourd’hui un bar.