Victorin-Ferdinand Barrot (1806-1883), juriste, ministre, sénateur

1st image: Soirée; 2nd: par Pierson (1853); 3rd: caricature par Giraud dessiné le 22 janvier 1858 à la soirée de de Nieuwerkerke; 4th: Receuil conseilliers (1860).

Devenu Commandeur de la Légion d’Honneur en décembre 1852 et sénateur en mars 1853, Ferdinand Barrot reçut une invitation permanente aux vendredi-soirées de de Nieuwerkerke. Selon Viel-Castel, Giraud réalisa sa caricature le 22 janvier 1858.
Il est surprenant qu’il soit le seul Barrot représenté dans le tableau. Ses deux frères —Odilon (1791–1873) et Adolphe (1801–1870) — étaient tout aussi célèbres. Ensemble, ils formaient les Trois Barrot, et leur nom familial figurait déjà dans des documents du XIVe siècle.

Comme son frère aîné, Ferdinand devint avocat. Odilon était un orateur reconnu, à la fois imposant et pompeux. Adolphe, diplomate idéal, passa la majeure partie de sa vie à l’étranger, en poste dans plus d’une douzaine de destinations reculées, comme la Chine et l’Amérique du Sud. Ferdinand était considéré comme le plus sympathique des trois—ferme, loyal et d’une grande sagesse. Durant son passage à la Cour de cassation dans les années 1840, il remporta plus de procès que son frère aîné.

Les frères Ferdinand et Odilon défendirent les partisans de Louis-Napoléon lorsqu’ils furent arrêtés après les coups d’État manqués de Strasbourg (1836) et de Boulogne (1840), où ils étaient complètement ivres. Lorsqu’il devint président en 1848, Louis-Napoléon les intégra à son premier gouvernement, non pour leur expérience politique, mais par manque d’autres soutiens fiables. Ferdinand occupa brièvement le poste de secrétaire du président, chargé de sélectionner les ministres, avant d’être nommé ministre de l’Intérieur en octobre 1849. Il démissionna en mars 1850 à la suite de querelles administratives et fut nommé ambassadeur de France auprès du royaume de Sardaigne à Turin. C’est Baroche61 qui lui succéda, avec Foul17 aux Finances et Rouher à la Justice.

Bien qu’ayant travaillé sous Charles X, Odilon ne s’entendait pas avec Louis-Napoléon et poursuivit sa carrière d’avocat. Il laissa derrière lui des mémoires détaillés, évoquant les nombreuses liaisons de Louis-Napoléon. Après le coup d’État de décembre 1851, Ferdinand fut nommé membre du comité chargé de rédiger la nouvelle constitution. Il devint procureur général en 1852, puis sénateur en 1853. Jusqu’à la chute du Second Empire en 1870, il fut secrétaire juridique du Sénat. Toutes les lois et décrets portaient sa signature et celle de Napoléon III. En 1867, Chaix d’Est-Ange06 lui succéda comme secrétaire d’État.

Ferdinand et Odilon étaient très proches. La fille unique d’Odilon, Marie, mourut tragiquement à 18 ans, en 1844. Son fils adoptif devint alors Raymond, le propre fils de Ferdinand, que Odilon éleva dès ses six mois. Il s’occupa de Odilon jusqu’à son décès en 1873. Raymond prit le nom de Barrot-Bey lorsqu’il s’installa en Égypte en tant que secrétaire du vice-roi. La cadette des trois filles de Ferdinand, Gabrielle (1845–1921), fut adoptée par Odilon et hérita de sa maison à Bougival.

Avec son père et son oncle siégeant au Sénat, la belle Gabrielle y assistait parfois depuis la tribune impériale avec ses amis. En 1870, le journal Liberté nota que cette présence poussa souvent de Nieuwerkerke et Rouher à lever leurs lorgnettes pour observer les jeunes filles. Une série de crises de calculs rénaux entraîna la mort de Ferdinand Barrot en 1883.