Marquis Anatole-Charles-Alexis Lawoestine de Becelair (1786-1870), général
1st image: Soirée; 2nd: lithographie Lassalle (1860, d'après un dessin de 1840s); 3rd: Mayer & Pierson (1860); 4th: caricature par Eugène Giraud, dessiné le 18e mai 1855, soirée de de Nieuwerkerke.
Anatole de Lawoestine descendait de la famille belge Van Woestyne. Son grand-père, ayant émigré en France, adapta son nom : il remplaça « Van » par « de la », tout en conservant « Woestine » plutôt que d’adopter la traduction française « Désèrt ». Viel-Castel43 le mentionne sous l’orthographe « Lovoëstine » dans son journal. Petit-fils de Madame de Genlis (1746–1830), écrivaine et théoricienne de l’éducation moderne, Lawoestine était indirectement lié à son ancien élève, Louis-Philippe, devenu roi de France. Cette parenté lui valut d’être nommé à la tête d’une section de cavalerie en 1830.
(caricature Giraud)
Reconnu pour ses exploits militaires, bon vivant, et un marchand de vin de 1815 à 1830 — pendant la Restauration des Bourbons, Lawoestine (qui eut une brève liaison dans sa jeunesse avec Hortense de Beauharnais, fille de l'impératrice, plus tard reine consort de Hollande) était un habitué des grands salons parisiens.
Marqué par son penchant pour les tenues extravagantes, les bonnes manières et son amour des truffes et du champagne, il était autant admiré que moqué.
En 1835, une rose à feuillage fin et aux couleurs vives fut même baptisée en son honneur.
Une gazette le décrivit comme « un Morny avec un sabre ».
En 1849, Louis-Napoléon nomma ce « dernier véritable marquis » à la tête de la Garde Nationale. Ary Scheffer41a, qui apparaît à ses côtés dans le tableau, était capitaine sous son commandement. Dans la Garde Nationale de la Seine, Lawoestine était général, tandis que de Nieuwerkerke16 était colonel.
Outre son expertise militaire, sa connaissance du vin et sa capacité à profiter de la vie d'un aristocrate, Lawoestine devait aussi posséder une certaine sensibilité musicale, puisque, en 1855, il fut désigné chef de musique d’une subdivision de la Garde Nationale de la Seine.
Instrumental dans le coup d’État de décembre 1852 orchestré par Napoléon III, Lawoestine incarnait l’alliance entre la noblesse et le nouveau régime. Ses manières aristocratiques en faisaient un invité naturel aux vendredi-soirées de de Nieuwerkerke. On sait que Lawoestine, Maréchal Magnan67, et de Nieuwerkerke firent sensation ensemble au bal des Tuileries en janvier 1853, arrivant vêtus une innovation récente : culottes courte.
Dans son testament, de Lawoestine précisa qu’il souhaitait être enterré sans faste, comme un simple soldat. Il fut inhumé au Père Lachaise.
Note: Lawoestine ne figure pas dans un article de presse de 1855 découvert en 2024. En l’absence d’une identification plus adéquate parmi les autres noms cités, il reste le candidat le plus logique. La caricature de Giraud confirme qu’il a bien assisté à une vendredi-soirée, et sa position à côté de son capitaine Ary Scheffer doit avoir été un choix délibéré.