Antoine-Joseph Jobert de Lamballe (1799-1867), chirurgien

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1re image: Soirée, 2e: tableau par Giraud (1860), 3e: caricature par Giraud lors Jobert's visite à de Nieuwerkerke's soirée le 27 avril 1860, 4e: Hoyt (c.1860).

Antoine-Joseph Jobert de Lamballe, souvent surnommé le Prince de la Chirurgie, fut invité pour la première fois aux vendredi-soirées de de Nieuwerkerke au Louvre en 1853 afin de donner une conférence sur les anesthésiques modernes. Son invitation était en partie due à son succès dans le traitement d’une blessure au genou subie par un membre proche de la famille de l’Impératrice. Jobert fut le premier chirurgien français à tenter l’anesthésie générale en 1846 avec l’éther, tandis que d’autres expérimentaient le chloroforme. Certains combinèrent les deux, mais un rapport médical de l’Académie indiqua que, sur 18 patients ayant reçu les deux anesthésiques, cinq moururent immédiatement, démontrant que leur mélange était dangereux.
Jobert administre des anesthésiques
Jobert administre des anesthésiques

Né dans le hameau de Lamballe, près de Saint-Brieuc en Bretagne, Jobert venait d’un milieu modeste. À 19 ans, il partit à Paris comme interne pour étudier la médecine, où ses compétences exceptionnelles en anatomie et en chirurgie lui valurent des postes prestigieux. Il devint le chirurgien personnel du roi Louis-Philippe, professeur de chirurgie à l’Hôtel-Dieu, et plus tard premier chirurgien de Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie. En 1856, il joua un rôle crucial lors de l’accouchement difficile du prince impérial, administrant du chloroforme pour faciliter l’usage des forceps.

Jobert atteignit le rang estimé de Commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur, marqué par la cravate rouge autour de son cou, en juin 1849, et fut admis à l’Académie des sciences en 1856. Ses contributions allaient bien au-delà de l’anesthésie ; il fut un pionnier en chirurgie intestinale, urologique, gynécologique et plastique. Plusieurs techniques chirurgicales portent son nom, notamment le signe de Jobert, la suture de Jobert et le trident de Jobert, témoignant de son influence durable sur la médecine moderne. Déjà en 1833, il fit une « description d’un spéculum à bascule », un appareil gynécologique qui resta inchangé pendant près de cent ans.

Tragiquement, Jobert contracta la syphilis en 1859 lors de l’excision d’une tumeur sur un patient. Alors que la maladie progressait, il souffrit d’un déclin cognitif sévère, finissant par perdre complètement la mémoire. Entouré de ses élèves dévoués, il s’éteignit en 1867, laissant un héritage médical toujours reconnu aujourd’hui.