Bernard-Pierre Magnan (1791 – 1865), Maréchal de France
1st image: Soirée; 2e: Lariviere (1853); 3e: par Gerôme (1861); 4e: caricature par Giraud (24/3/1865).
Le parcours de Bernard Magnan vers la notoriété contraste avec celui de l’élite du salon de de Nieuwerkerke16.
Né dans un milieu modeste, son père était valet auprès de la malheureuse princesse de Lamballe (sans lien de parenté avec Jobert de Lamballe01, le chirurgien), dame de compagnie de Marie-Antoinette. Après l’assassinat brutal de la princesse par la foule révolutionnaire en septembre 1792, le père de Magnan se reconvertit en vendeur de limonade pour subvenir aux besoins de sa famille, qui comptait le jeune Bernard.
Magnan intégra l’armée et gravit rapidement les échelons lors des campagnes en Espagne et au Portugal. Son mariage en 1824 avec Sophie Roussel, fille d’un général de division, renforça sa carrière ; l’union fut célébrée par le roi Charles X. Parmi ses faits d’armes figurent une campagne en Algérie et un service en Belgique dès 1830, où il fut promu général de brigade.

Acteur clé du coup d’État de Louis-Napoléon en décembre 1851, Magnan joua un rôle décisif dans la répression violente du soulèvement. En récompense, il accumula titres et honneurs, dont le cordon-rouge du titre de Grand-Croix de la Legion d'Honneur, reçu une semaine après le coup.
Magnan assista notablement à une vendredi-soirée début 1852, arborant avec fierté son cordon-rouge. La représentation que Biard36 en fait est plutôt distraite, contrastant avec l’air farouche que lui attribuent d’autres portraits. Selon la presse, plusieurs invités ne se rendirent pas à l’atelier de Biard, et parmi ceux qui le firent, certains ne posèrent que brièvement. Il est possible que Biard se soit inspiré du tableau de Larivière de janvier 1853 pour composer son tableau. Le caricaturiste Paul Hadol, en 1870, immortalisa la réputation farouche de Magnan en le représentant sous les traits du crocodile féroce de Napoléon III.
Cependant, Magnan n’était pas toujours imposant : il appréciait les bals et les événements musicaux.
Il reçut même une lettre de remerciement du compositeur Wagner, qui lui exprima sa gratitude après que Magnan eut salué ses œuvres contemporaines et promis son soutien auprès de l’empereur pour organiser de nouveaux concerts. Inspiré par ces compliments, Wagner ajouta une section de ballet dans son opéra Tannhäuser spécialement pour son public français.
Une anecdote mémorable raconte que Magnan, Lawoestine42 et de Nieuwerkerke firent sensation au bal des Tuileries en janvier 1853 en portant des culottes courtes.
L’instabilité financière marqua la vie de Magnan. Ses dettes, dues à ses passions —chasse, courses de chevaux, séjours fastueux aux bains de Dieppe, et réceptions hebdomadaires avec Sophie pour l’aristocratie— entraînèrent la saisie de ses meubles à Paris et à Strasbourg. Viel-Castel43 calcula qu’après son soutien au coup d’État, ses revenus annuels atteignirent 196 000 francs. Après la mort soudaine de Sophie en novembre 1858 d’une maladie bénigne, Viel-Castel évoqua chaleureusement son caractère. Bernard et Sophie eurent un fils et cinq filles.
L’année suivante, un mariage fut annoncé entre Magnan et la veuve du Pair de France Jacques Paturle, qui avait hérité de plus de huit millions de francs. Peu d’informations existent sur Sophie-Claudine (Lupin) Paturle (1793–1871) hormis sa fortune. Ce mariage n’est pas confirmé par les Archives de Paris.