Octave Penguilly L’Haridon (1811-1870), peintre, conservateur Pierrefonds
1re image: Soirée; 2e: par Nadar (1855); 3e: caricature par Giraud dessiné le 29e janvier 1858 à la soirée de de Nieuwerkerke; 4e: caricature par Nadar (1850s).
Outre la caricature par Giraud de 1858, c'estla singularité de son regard et la moustache féroce qui m'a fait de l’associer à Octave Penguilly L'Haridon, conservateur du musée de l'artillerie de Paris et créateur du cabinet d'armes Napoléon III au château de Pierrefonds. Outre ses fonctions de conservateur, Penguilly était également colonel et peintre.

Il étudia à l’École Polytechnique. Son père, expert en logistique militaire, lui destinait une carrière dans l’armée.
Pendant sa formation militaire, il fut autorisé à poursuivre des études de peinture et réalisa des dessins à l’encre sur des sujets variés, allant de la cour royale aux courtisanes, jusqu’à une perspective dystopique de Paris en l’an 3000 considérée comme « bizarre ».
Son héritage breton inspira nombre de ses paysages ultérieurs, comme Menhirs de la plaine de Carnac et Les Petites Mouettes (1858).
Lors des Salons de 1845 et 1846, il obtint les deuxième et troisième prix, et Baudelaire, dérogeant à ses critiques habituellement acerbes, loua la qualité de son travail et les couleurs d’Arlequin and Polichinelle.
La princesse Mathilde avait une haute estime pour lui, et plusieurs de ses œuvres furent commandées par l’empereur. Son Combat des Trente (1857, Musée de Quimper) devint une peinture historique acclamée, relatant l’affrontement sanglant entre trente Bretons et trente chevaliers anglais au XIVe siècle.
Lors des soirées de Mathilde, il rencontra et se lia d’amitié avec de Nieuwerkerke16, les Giraud et les Viollet. Son réseau de contacts à l’échelle impériale favorisa son attachement permanent à l’École Polytechnique en 1852, ainsi que son remplacement de de Saulcy69 comme conservateur du musée de l’Artillerie en 1854.
Eugène Giraud11 réalisa sa caricature après une vendredi-soirée en janvier 1858.
Penguilly devint un invité régulier aux fêtes impériales annuelles de Compiègne.
Son rigorisme militaire se révéla utile dans la réalisation d’un inventaire détaillé et méthodique du musée, un catalogue de plus de 1 000 pages. Il comprenait les besoins des visiteurs et fut parmi les premiers à rédiger des fiches avec des descriptions précises et l’emplacement des objets de la collection.
Dans ses Mémoires, le conservateur Viel-Castel43 écrivit en 1861 :
"[Mathilde] est en extase devant les œuvres de la famille Giraud et face aux dessins et peintures du brave commandant Penguilly L’Haridon, qui dessine comme V. Adam [Victor Adam] et peint comme —heureusement, personne n’a jamais peint."
Baudelaire salua le style biblique, orientaliste et fantastique de L’arrivée des mages à Bethléem (1864, Musée d’Orsay), ainsi que l’intensité des couleurs de ses représentations de la côte bretonne. Certains rapprochent l’œuvre de Penguilly de la tradition Barbizon.
Penguilly est l’un des nombreux personnages de Une Soirée au Louvre qui périrent durant la guerre de 1870.
Note: Le nom de Penguilly n’est pas mentionné dans un article de presse récemment paru en 1855. Compte tenu des ambiguïtés de cet article et du manque de preuves pour d’autres candidats, Penguilly reste le candidat le plus réaliste.