Comte Henri-Georges Boulay (de la Meurthe)(1797-1858), vice-president de la republique

1re image: Soirée; 2e: coll. De Vinck (1840); 3e: litho Desmaisons (1848); 4e: Desmaisons (c.1851); (Alternatif: Benedetti).

Comte Henri-Georges Boulay portait fièrement la cravate rouge du grade de Commandeur dans la Légion d’Honneur, qu’il obtint le 17 décembre 1849.

Entre l’instauration de la nouvelle république en 1849 et le début du Second Empire en 1852, Boulay fut le seul vice-président à avoir jamais servi la France. Après des études de droit, il devint avocat à la Cour de Paris en 1820. Il se distingua par ses brillantes plaidoiries en faveur des militaires, leur épargnant parfois —littéralement— la guillotine.
Opposé à la monarchie toute sa vie, Boulay fut, sous le règne de Louis-Philippe, député de la Meurthe (dont Nancy était la capitale) et des Vosges, votant systématiquement avec l’opposition républicaine.

Boulay était un « citoyen exemplaire », convaincu que la citoyenneté reposait sur une éducation de qualité. Président du comité d’éducation, il œuvra à l’amélioration de l’instruction publique pour les classes populaires et à la promotion de l’enseignement primaire pour les femmes. Il mit en place un système éducatif commun, définissant des normes en matière d’hygiène scolaire, de gymnastique, de chant et de vacances scolaires.
Son plan progressif d’éradication du choléra à Paris, incluant des mesures médicales spécifiques à chaque phase, lui valut une médaille d’honneur.

par Daumier (1849)

Lorsque Louis-Napoléon devint président de la république en 1848, il soutint la candidature du modeste Boulay à la vice-présidence —un homme sans envergure politique, coopératif et idéal pour occuper un poste visible mais peu influent.

Élu vice-président, Boulay préféra rester à son domicile de la rue de Vaugirard plutôt que de s’installer au Petit-Palais. Il consacra une part importante de ses revenus à l’amélioration des écoles publiques des régions Seine, Meurthe et Vosges.

En 1851, Boulay organisa plusieurs grandes soirées et participa, aux côtés de de Nieuwerkerke16, à la remise des prix artistiques. Aucun article de presse ne confirme sa présence à une vendredi-soirée au Louvre, mais son statut suggère qu’il y ait peut-être assisté, notamment lors de la réouverture du musée le 7 juin 1851.

Le 29 juillet 1851, âgé de cinquante-quatre ans, il épousa Louise-Julie Michaud, vingt-trois ans. Elle avait étudié le chant auprès de Ponchard25 et se produisait fréquemment dans des salons privés. Ils eurent un fils, qui mourut en bas âge, et une fille.

Suite à un accident en 1858, Boulay développa une gangrène aux deux jambes, qui lui fut fatale.
Alfred de Musset73 prononça un discours lors de ses funérailles. En l’absence d’un héritier masculin survivant, son titre de comte fut transmis à son frère.

Boulay a été qualifié par la presse d'« ami du peuple ».
Viel-Castel43 exprimait ouvertement son aversion pour Boulay et écrivit dans son journal en mars 1851 :

« Boulay de la Meurthe est une caille engraissée et plumée […] Boulay ressemble parfaitement à un boulet de chair humaine; c'est un gros et court important. Laid comme une bouche de fontaine, bourgeonné comme une mûre, prétentieux, amoureux de toutes les femmes et se mettant volontiers en évidence ».