Frédéric de Mercey (1803-1860), peintre, critique d’art, directeur Beaux Arts institute

1re image: Soirée; 2e: par Heim (1859); 3e: sculpture par Alexandre Oliva (1859); 4e: photo (probablement inversée) par Jean-Baptiste-Louis Gros (pionnier du daguerréotype) (1850).

Un article paru dans Le Ménestrel en 1855 ainsi qu’une gravure d’Armand Dayot réalisée en 1900 attestent de la présence de Frédéric de Mercey à la Soirée au Louvre. Sa nomination à la tête de l’institut des Beaux-Arts en 1853 et son rôle en tant que membre du jury de l’Exposition Universelle de 1855 renforcent cette identification, bien qu’aucune caricature de lui n’ait été réalisée par Eugène Giraud11.

Cloître du Cappuccino, côte amalfitaine (1840)

Aristocrate —sa famille possédait un château à Falois, près de la Somme— et fervent amoureux de la nature, de Mercey acquit une certaine notoriété grâce à ses dessins et ses carnets de voyage relatant ses périples en Suisse, en Italie (notamment sur la côte amalfitaine) et dans plusieurs autres régions européennes dans les années 1830 et 1840. Cependant, des problèmes de vue l’obligèrent à se consacrer davantage à l’écriture et à l’administration.

Sous les pseudonymes collectifs F. de Lagenevais et L. de Geofroy, il publia des critiques d’art —dont des jugements élogieux sur Ingres39— dans la Revue des Deux Mondes dans les années 1840.
Grand admirateur d’Ingres, il comptait Eugène Delacroix10 parmi ses plus proches amis.

En tant qu’administrateur principal de l’Exposition des Beaux-Arts de 1855, avec Chennevières20, comme inspecteur, il exerçait une influence considérable —ce qui faisait de lui un invité naturel aux soirées de de Nieuwerkerke16. Toutefois, il se montra moins enthousiaste à l’égard des jeunes artistes émergents, comme Gustave Courbet, dont les œuvres peinaient à être acceptées aux Salons jusqu’à la fin des années 1850.

Face aux débats contemporains sur les effets négatifs des images diffusées sur les réseaux sociaux, la position de de Mercey contre les illustrations dans les livres en 1843 est particulièrement intéressante. Il dénonçait ces dernières comme:
« une importation du mauvais goût et de l’esprit industriel […] elles ont pris un espace dans les œuvres de l’esprit … elles ont fini par chasser la littérature du logis et par prendre la première place dans les livres»
Son opposition contrastait avec l’essor des publications illustrées de l’époque, alors que la gravure et la photographie allaient bientôt devenir des éléments essentiels de la diffusion de l’information et de la publicité.

À sa mort en 1860, la revue artistique L’Abeille Impériale écrivait :
« Dans ce désaveu delui-mème, dans cet exposé d'une modestie exquise, l'homme se dessine tout entier, M. de Mercey fuit les louanges, les remerciements, le grand jour - il se glisse toujours au second plan - même dans le tableau de Biard représentant le salon du comte de Nieuwerkerke, M. de Mercey ne doit qu’à sa grande taille de n’étre pas estompé avec la pénombre des accessoires … »