Charles-Philippe, marquis de Chennevières(1820–1899), historien, écrivain et conservateur du Musée du Luxembourg

1re image: Soirée; 2e: photo Receuil: Portraits d'artistes (Bayard & Bartall)(1850s); 3e: photo par Nadar 1870); 4e: caricature par Eugène Giraud dessiné le 4e avril 1861 à la soirée de de Nieuwerkerke.

L’érudit conservateur Charles-Philippe, marquis de Chennevières-Pointel, fut un invité apprécié des vendredi-soirées de de Nieuwerkerke dès leur commencement en 1850.
L’écriture, l’histoire et la collection d’art figuraient parmi ses plus grandes passions. Son intelligence, son goût raffiné pour le design et ses nombreux voyages artistiques avec Ernest Lafontan, frère de sa future épouse Inès, lui valurent son nomination comme administrateur du Louvre en mai 1846. Il y observa que les conservateurs régnaient sur le monde artistique, les artistes étant avant tout perçus comme des fournisseurs d’œuvres pour les expositions —une réalité qui n’avait guère changé deux siècles plus tard.

Promu inspecteur des musées en 1847, Chennevières consacra plusieurs années à améliorer la qualité et la diversité des collections d’art provinciales, à promouvoir la coopération entre musées et à favoriser la circulation des œuvres du Louvre en région. Il publia neuf essais sur L’Organisation de l’Art dans les Provinces, prônant la standardisation des procédures muséales et leur centralisation sous l’autorité de l’État —une vision préfigurant la muséologie moderne.
En parallèle, il rédigea des romans décrivant la vie rurale de sa Normandie natale sous le pseudonyme de Jean de Falaise.

Louvre office: Clement de Ris, et Chennevières
Clément de Ris & Chennevières prévoient une exposition

En 1852, de Nieuwerkerke16 sollicita son expertise pour l’organisation des grandes expositions —a mission qu’il assuma jusqu’en 1869. Durant ces dix-huit années, il reçut une avalanche de lettres de grands artistes tels qu’Ingres39, Delacroix10, et Flandrin79,recommandant les œuvres de leurs élèves ou se plaignant de l’accrochage de leurs tableaux—trop haut, trop bas, mal éclairé. Cette même année, il introduisit une innovation majeure : regrouper les œuvres par artiste plutôt que de les disperser à travers les galeries, permettant ainsi aux visiteurs d’identifier plus facilement les styles individuels.
En 1861, de Nieuwerkerke lui confia des responsabilités au Musée du Luxembourg, d’abord comme adjoint, puis comme conservateur à partir de 1868.

Dans ses mémoires, Souvenirs d’un directeur des Beaux-Arts (1883), Chennevières relate que lui et Soulié34 posèrent pour François Biard36 dans son atelier désordonné dominant la place Vendôme. Bien qu’il jugeât la Soirée au Louvre de Biard moins aboutie artistiquement que le célèbre Charles X Distribuant des Récompenses de Heim, il lui trouvait une valeur historique indéniable, déclarant :
« Elle offre les portraits des artistes du deuxième quart du siècle [et présente] l’une des pages historiques de l’histoire du Louvre. »
Il déplorait que cette œuvre majeure —commandée et possédée par l’empereur— n’ait jamais été donnée au Louvre, où elle aurait eu sa place légitime.