Sebastien-Charles Giraud (1819 – 1892), peintre

1re image: Soirée; 2e: caricature par Eugène Giraud, dessiné le 13e avril 1860 lors le vendredi-soiree; 3e: par Eugène (1877); 4e: par Thiersault (c.1880).

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lettre de Papeete (1846)

Sebastian-Charles Giraud  fut célèbre pour ses dessins réalisés lors de ses voyages avec un convoi militaire français (1842–1847) reliant Cherbourg à Tahiti, via l’Amérique du Sud et Rio de Janeiro pour visiter la reine Pomare IV , la « mangeuse d'yeux ». Son tableau, commandé à l'époque, fut présenté au Salon de 1853.

Ses nombreuses œuvres idylliques de cette « île d’amour » —qui, hélas, perdit son caractère paradisiaque après l’effondrement de sa population, décimée par les maladies européennes— attirèrent le peintre Paul Gauguin, qui s’y installa en 1891.

Les dessins de Charles provenant de lieux exotiques ont incité le roi Louis-Philippe à lui décerner le titre de Chevalier de la Légion d’Honneur à l’âge de 28 ans. Eugène ne reçut cette distinction qu’en 1851.

Charles: Princess Mathilde (1862)

Pourquoi Charles, frère cadet et élève d’Eugène Giraud11, apparaît-il en retrait, près des rideaux, sur le tableau ?

Inséparables, les frères assistaient ensemble à de nombreuses soirées parisiennes et entretenaient des liens étroits avec la princesse Mathilde Bonaparte, cousine de l’empereur et compagne du comte de Nieuwerkerke16

À l’exception des artistes, les femmes n’étaient pas admises aux vendredi-soirées, mais la princesse avait pour habitude de s’installer derrière les rideaux, dans le petit salon à droite, derrière le buste de l’impératrice Eugénie, afin d’écouter les conversations et la musique.

L’emplacement de Charles sur le tableau révèle ce petit secret : à cet endroit, il était proche de sa princesse bien-aimée, discutant tranquillement du programme de la soirée.

Entre ses voyages, il peignit des intérieurs avec une grande minutie, notamment les salons privés de Mathilde (1854). Il est également l'auteur du "portrait séduisant" ci-dessus de la princesse. En 1856, l'empereur Napoléon III invite Charles à participer à une autre expédition : vers le pôle Nord.

Dans ses Mémoires, Viel-Castel43 loue le talent des Giraud, tout en s’indignant de leur constante volonté de tirer profit de la princesse et du budget du musée. Mathilde, bien que Charles possédât un vaste appartement à Paris ainsi qu’un domaine avec manoir à Sannois, le désignait affectueusement comme « pauvre Giraud ».

L’appui de l’Empire fonctionnait dans les deux sens : c’est Charles qui témoigna lors de la naissance d’un enfant chez l’une des maîtresses de l’empereur, déclarant que ni le père ni la mère ne pouvaient être identifiés —un enfant trouvé, préservant ainsi l’héritage des descendants officiels du couple impérial. Six ans plus tard, l’empereur accorda au jeune garçon un château.

C’est dans son domaine de Sannois que Charles s’éteignit le 30 septembre 1892, survivant de dix ans à son frère aîné Eugène et de vingt ans au fils de ce dernier, Victor Giraud, peintre réaliste de talent.