Pierre-Auguste (Alexis) Dupont (1796–1874), Chanteur d’opéra

1re image: Soirée; 2e: gravure par Alophe (1840). (Alternatif: Duprez)

Bien que mentionné dans un articles de presse récemment découvert, j'ai de sérieux doutes sur la présence de Dupont à l'une quelconque des vendredi-soirées de de Nieuwerkerke.

Alexis Dupont possédait une tessiture couvrant à la fois le registre de ténor et celui de baryton. Il se produisit à l’Opéra-Comique de 1821 à 1823, puis à l’Opéra de Paris de 1826 à 1841.
À partir de 1843, il se consacra à la musique sacrée en rejoignant la paroisse Saint-Roch. Il interpréta le Stabat Mater de Rossini aux côtés de Pauline Viardot, amie proche de Chopin. Dupont chanta également le Requiem de Mozart lors des funérailles de Frédéric Chopin en octobre 1849.

Il possédait une maison sur un vaste domaine près du Bois de Boulogne, où il vivait avec son épouse, l’ancienne ballerine Félicité Noblet et leurs enfants.
À l'été 1856, il fut arrêté pour délits sexuels avec des mineures au Bois de Boulogne, ce qui fut largement relayé par la presse. Les archives du Tribunal indiquent que les infractions avaient déjà commencé en 1849, avec une jeune fille alors âgée de « sept ou huit ». Dupont renoua avec elle à quatorze ans, ainsi qu'avec une autre mineure. Il fut aidé par une prostituée avec laquelle il entretint une liaison. Un homme violent, qualifié de « Satan » par le tribunal, força les jeunes filles à se plier à ses désirs.

On peut raisonnablement supposer que le comportement de Dupont était connu de certains acteurs du monde musical au début des années 1850. C'est peut-être pour cette raison qu'il n'a jamais reçu la Légion d'Honneur, et que Pasdeloup12, responsable des représentations des vendredis-soirées, n'était pas très enthousiaste à l'idée de le sélectionner. J'ai cependant découvert un article du début de 1854, où Viel-Castel mentionnait un « Dupond » dans une longue liste de chanteurs. Même si Dupont s'est produit à l'un des spectacles de Nieuwerkerke, la présence d'une boutonnière rouge du titre de Chevalier sur le revers du personnage représenté nous indique qu'il ne peut s'agir de Dupont.

Horace de Viel-Castel43 mentionne également les débauches de Dupont dans son journal. Dupont fut condamné à quinze mois de prison, ses complices à six à douze mois. Selon Le Figaro, Dupont chanta au mess de la chapelle de la prison en novembre de la même année. Ses relations avec le clergé trouvèrent des moyens de réduire sa peine de prison, après quoi il disparut dans l'oubli. À sa mort, paralysée en 1874, un journal mentionna : « Il ne manquera pas. »