Georges Eugène Haussmann, baron (1809-1891), préfet de la Seine
1st image: Soirée; 2nd: gravure Robert (début 1850s); 3rd: gravure (fin des 1850s); 4th: Adolpe Yvon (c.1853); 5th: photo par Petit (1865).

Georges Haussman est une figure incontournable—l’avenue qui porte son nom demeure l’une des artères essentielles de Paris. Bien que formé en droit, son ambition l’orienta vers une carrière dans l’administration publique. En juin 1853, Napoléon III le nomma préfet du département de la Seine afin d’accélérer les projets de rénovation urbaine qui tardaient à voir le jour. Sa présence aux vendredi-soirées permettait aux membres de l’aristocratie de suivre l’évolution de la transformation de Paris.
Bien qu’Haussmann ne fût pas architecte, il maîtrisait à la perfection les jeux politiques complexes et parfois manipulateurs nécessaires à la réalisation de ses vastes projets de reconstruction. L’un des jalons majeurs fut l’achèvement de plusieurs grandes avenues à temps pour l’Exposition de 1855. Ses décisions en matière d’urbanisme suscitèrent une vive opposition, non seulement parmi les citoyens, mais aussi de la part de l’impératrice Eugénie, mécontente de voir l’allée du palais du Luxembourg considérablement réduite pour permettre l’aménagement du nouveau boulevard Saint-Germain d’Haussmann. De nombreux aristocrates et responsables exprimèrent des frustrations similaires face à la transformation des espaces historiques, considérant cette modernisation comme une rupture avec l’héritage de la ville.

Bien qu’impopulaire à l’époque, la refonte urbaine de Napoléon III fut indispensable pour moderniser une ville médiévale, jonchée de bidonvilles, de canalisations à ciel ouvert et touchée par des épidémies fréquentes de choléra. Pendant ses vingt années de règne, Paris resta un immense chantier, rendant difficile pour les Parisiens d’apprécier l’ampleur de sa vision. Ce n’est qu’avec l’achèvement des boulevards que la majesté de l’Arc de Triomphe (terminé en 1836) s’imposa pleinement. La transformation initiée par Haussmann accompagna une augmentation massive de la population de 180 000 habitants durant les cinq premières années du règne de Napoléon III.
Sa notoriété et ses dépenses excessives firent de lui une cible privilégiée de la presse à scandale, qui rapporta avidement les rumeurs selon lesquelles il aurait encouragé sa fille, Valentine, à devenir l’une des nombreuses maîtresses de Napoléon III, ainsi que des spéculations sur un enfant issu de cette liaison, attribué à une autre femme. L’empereur le soutint malgré ces controverses, mais ne lui accorda jamais officiellement le titre de baron, qu’Haussmann utilisa néanmoins.
L’opposition active de
Baroche61, qui le détestait, entraîna des retards supplémentaires dans la finalisation de ses projets. Début 1870, Haussmann perdit ses soutiens, permettant à ses adversaires—menés par le Premier ministre Émile Ollivier—de le contraindre à la démission. Si son influence avait perduré vingt ans de plus, il est fascinant d’imaginer à quoi Paris aurait pu ressembler sous son audacieuse vision.